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BACINET, s. m. (bassinet). — Habillement de tête, dont l’origine remonte au commencement du xive siècle. L’habillement de tête consistait, avant cette époque, en un casque que l’on posait par-dessus la maille et le capuchon de peau, ou en une cervelière de fer tenant à la maille elle-même (voyez Armure, fig. 3, 4, 6, 7, 8, 13, 15, 28 et 31). Par-dessus cette calotte de fer, dès la fin du xiie siècle, les chevaliers posaient le heaume pour combattre. Mais le heaume, extrêmement lourd et gênant, ne pouvait être maintenu sur la tête longtemps. Il fallait le faire porter par l’écuyer ou le suspendre à l’arçon. Dans une action prolongée, on risquait donc, ou d’être étouffé, ou de charger à visage découvert.

On eut donc l’idée, vers l’année 1300, d’ajouter, à la calotte de fer à laquelle le camail de mailles était attaché, un viaire, c’est-à-dire une pièce de fer mobile couvrant le visage, pouvant s’enlever facilement ou se relever. Les premiers essais de ce supplément d’armure de tête sont assez étranges, mais indiquent clairement la nature des coups auxquels il s’agissait de parer ; car il est à observer, dans le système d’armes défensives appliqué pendant le moyen âge, que le combattant se préoccupe avant tout de se garantir contre les effets des armes nouvelles.

La nécessité de combattre de très-près, à l’arme blanche, obligeait chacun à chercher les moyens propres à se couvrir de la façon la plus sûre et la plus pratique.

À la fin du xiiie siècle, les gens d’armes, outre la lance, se servaient de l’épée large et lourde, et de la masse. Des coups portés par ces deux dernières armes, les plus dangereux étaient les coups obliques ou horizontaux. Les coups de pointe n’étaient à craindre qu’à pied, non qu’ils pussent percer les hauberts, mais parce que, dirigés par un bras vigoureux, ils renversaient l’adversaire. À cheval, les coups de taille, à la hauteur du cou ou du visage par-dessus le chef de l’écu, soit qu’ils fussent portés par l’épée ou par la masse d’armes, étaient violemment sentis à travers le camail ou brisaient le nez ou la mâchoire, malgré le heaume, qui alors était libre à sa partie inférieure, et dont la paroi s’appuyait sur le visage par l’effet du choc.