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largement échancré au droit du bras, laisse passer la garniture de l’épaule et de l’arrière-bras, faite ainsi que nous venons de le dire. Deux rangs d’anneaux d’acier cousus sous l’épaulette rembourrée opposent un supplément de résistance aux coups. L’avant-bras est armé d’un canon en trois pièces, qui le couvrent du poignet au coude. Ces canons, rivés les uns sur les autres, étaient assez larges pour que la main y pût passer comme dans une manche.

Les garnitures d’arrière-bras tenaient au gambison de peau ou toile double en forme de jaquette collante endossée sous le corselet.

Ces pièces d’armure appartiennent à des hommes d’armes ayant le garnement complet. Mais les hommes de pied, archers, arbalétriers, soudoyers, n’étaient pas armés d’une manière aussi complète. Souvent ils n’avaient qu’une brigantine, avec bottes de peau ou grèves de fer, ou bien un corselet avec ou sans tassettes et habillement de bras plus ou moins complet. Les archers n’avaient souvent, pour préserver les bras, qu’une spallière, une cubitière et des gants avec gardes, ou une plaque d’avant-bras.

On voit, dans le beau manuscrit de Froissart de la Bibliothèque nationale[1], des hommes de pied dont le bras droit est armé d’une rondelle formant spallière et d’une cubitière. Une gourmette d’acier réunit la spallière à la cubitière et celle-ci au poignet (fig. 6). L’un de ces hommes, celui qui est à terre, est entièrement vêtu de peau. Une cervelière avec rondelles latérales couvre sa tête ; une cubitière d’acier préserve le coude de son bras droit, et une gourmette règne de l’épaule à cette cubitière et de la cubitière au poignet.

Ce genre d’habillement convenait aux hommes qui portaient de grands pavois et dont le bras droit et la tête seuls étaient exposés aux coups. L’homme qui monte à l’échelle a la tête couverte d’une salade. Il est armé d’un corselet avec tassettes, garde-cuisses et grèves. Son bras gauche est simplement vêtu de peau, et son bras droit armé comme il vient d’être dit. Un pavois le couvre entièrement. Ses armes offensives consistent en une vouge et une épée d’homme de pied. Il n’est pas nécessaire de nous étendre plus longuement sur cette partie de l’armure, dont il est question dans d’autres articles (voyez Armure, Brassard, Cubitière, Garde-bras, Spallière).

  1. Français (1440 à 1450).