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armes. On voit, en effet, pendant le règne de Charles V et jusqu’à la fin du xive siècle, les hommes d’armes de haut lignage ainsi vêtus, sur nos monuments et les miniatures des manuscrits français.

Cependant, comme alors la chevalerie combattait souvent à pied, cette sorte de vêtement devait être fort gênante. Chandos se prend les pieds dans son parement, trébuche, et tombe sur le coup qui lui est adressé. Il est à croire qu’habituellement, lorsque les hommes d’armes mettaient pied à terre pour combattre, ils se débarrassaient de ces parements incommodes. Mais, en la circonstance, Chandos, irrité, à quelques pas de ses ennemis, s’empresse de sauter à terre, et combat avec ce malencontreux parement, dessous lequel on était armé de pièces justes au corps.

L’homme d’armes que nous présentons ici (fig. 37[1]) est vêtu d’un corselet de peau ou de toile en double, rembourré, recouvert de plaques d’acier rectangulaires avec un rivet au centre et disposées comme des tuiles. Ce corselet est terminé par des tassettes au nombre de six, à recouvrements, attachées à la ceinture d’acier ou braconnière, laquelle, dans cet exemple, est complètement masquée. La dernière lame est ornée de la ceinture militaire d’orfèvrerie. Un crochet fixé sous les tassettes suspend l’épée. Les bras et jambes sont complètement armés. Un large camail de mailles, attaché au bacinet, couvre le cou et les épaules.

C’est par-dessus cette armure de plates qu’on mettait le parement en question, ainsi que le montre la figure 38[2], copiée sur une des statues des preux qui ornent les parois extérieures des tours du château de Pierrefonds. Ces sculptures, très-fidèlement exécutées dans les moindres détails, présentent les habillements de guerre des nobles chevaliers de la fin du xive siècle[3]. Celui-ci est à peu près armé comme le précédent, si ce n’est que les tassettes sont remplacées par des rangs de plaques d’acier posées en tuiles avec rivets latéraux. Sous les tassettes apparaît un haubert de mailles. Le bacinet, d’une forme excellente, retient fortement la gorgerette de mailles au moyen d’un cordon de cuir passant dans des cylindres de fer traversant la base du casque. Le parement de samit est pourvu de manches très-amples taillées, ainsi que la cotte, en barbes d’écrevisse. Par-dessus le parement sont fixées des ailettes en forme de

  1. Manuscr. Biblioth. nation., Tite-Live, français, n°30 (1395 environ).
  2. Cette statue est celle de Judas Machabée, placée à l’extérieur de la tour de la chapelle. Judas Machabée est un des neuf preux.
  3. La construction du château de Pierrefonds remonte aux dernières années du xive siècle.
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