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[ COFFRET ]
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exemple, et celles des chapiteaux du porche de l’église de Vézelay, qui datent de 1130 environ. Nous avons dit que les ivoires du coffret de Sens étaient peints : le vert, le pourpre, y dominent ; malheureusement, une maladroite réparation a fait disparaître en grande partie cette intéressante coloration et les inscriptions que Millin a encore pu copier lorsqu’il visita Sens[1] en 1805. Sur le sommet tronqué de la pyramide s’élevait probablement un bouton de cuivre émaillé, pour permettre de soulever le couvercle ; il a été remplacé par une de ces pommes de cuivre que l’on pose sur les premiers balustres des escaliers.

L’abbaye du Lys possédait un coffret de bois recouvert de plaques d’argent vernies en noir verdâtre, de cuir doré et émaillé ; ce petit meuble est aussi précieux par sa composition que par son exécution. Il est aujourd’hui conservé dans l’église de Dammarie (Seine-et-Marne), et connu sous le nom de cassette de saint Louis[2]. Il est certain que ce coffret date du XIIIe siècle. Sur le couvercle, outre les huit médaillons représentant en relief des animaux, quatre améthystes sont enchâssées sur les encoignures ; sur la face et les côtés sont également disposés des médaillons. Un grand nombre d’écussons, semés entre ces médaillons, sont émaillés aux armes de France ancien, de Castille, de Bourgogne ancien, de Guillaume de Courtenay, de Montfort, de Dreux, de Bretagne, de Flandre, de Navarre et Champagne, de Graville, de Dammartin, de Toulouse, de France à trois fleurs de lis, de Coucy, de Beaumont, de Roye, de Champagne, de Jérusalem, de Bar, de Montmorency, de Normandie, d’Harcourt. L’anse, les équerres, les charnières, la serrure et son moraillon sont dorés et émaillés. De petits clous d’or à tête ronde fixent, entre les médaillons et les écus, la plaque d’argent très-mince qui recouvre exactement le bois. Rien n’indique que cette cassette ait eu une destination religieuse, et nous la regardons plutôt comme un de ces précieux écrins qui devaient renfermer des bijoux de prix.

Souvent les coffrets étaient faits de bois, et n’avaient de valeur que par la délicatesse et le goût des sculptures dont leurs ais étaient couverts.

Voici un de ces coffrets, très-simples comme matière, très-riches par le travail (fig. 6) ; il est de bois de châtaignier, avec anse,

  1. Voyages dans le midi de la France, par Millin, 1807. Atlas.
  2. Ce charmant coffret est reproduit avec beaucoup d’exactitude dans les Monuments de Seine-et-Marne, par MM. A. Aufauvre et G. Fichot, in-fo. Melun, 1854.