Page:Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné du mobilier français de l'époque carlovingienne à la Renaissance (1873-1874), tome 1.djvu/92

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
[ COFFRET ]
— 78 —

et la figure 3 une des bordures de cuivre gravé, grandeur d’exécution. Il est facile, avec ces renseignements, de se faire une idée complète de cet objet, remarquable par sa date, sa belle composition et sa parfaite conservation.

Beaucoup de ces coffrets étaient renfermés, comme nos nécessaires de voyage, dans des enveloppes de cuir ornées elles-mêmes de gaufrures et dorures, de légendes armoyées ou d’emblèmes. Ces coffrets se rangeaient parfois à côté les uns des autres dans les bahuts de voyage, et contenaient chacun des armes, des objets nécessaires à la toilette, des parfums, des bijoux, des coiffures, aumônières, manches brodées, ceintures, etc. D’autres séries contenaient couteaux, petite vaisselle de table, coupes, hanaps, tasses de vermeil, épices, cordiaux dans de petits flacons.

« Or est monte a cheual le gentil Palanus lequel sen va accoustre tout ainsi que le vous conteray sans grant nombre de gens ne bagaige, car il nauoit que deux baheux, dont lung portait ung lit de camp bien petit entre deux coffres ou estoit une partie de son accoustrement, et l’autre bahu portoit ses coffres d’armes avec ses hardes sans aultre chose[1]. »

Les mœurs du moyen âge étaient nomades : nobles et marchands étaient souvent sur les grands chemins, et force était alors, lorsqu’on voulait vivre passablement, d’emporter tout avec soi ; puis, comme nous l’avons dit plus haut, on ne s’en rapportait qu’à soi-même pour garder son bien. Arrivait-on dans une ville, dans une hôtellerie, s’établissait-on temporairement quelque part, on se faisait un mobilier de tous ces coffres de voyage : les plus grands de-

  1. L’Hist. de Palanus, comte de Lyon, manuscr. de la Bibl. de l’Arsenal.