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[ CHASSE ]
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Voici qui rappelle parfaitement la disposition de la châsse de saint Honoré, représentée figure 2.

Nous remarquons encore, sur l’un des bas reliefs du tympan de la porte méridionale de la cathédrale d’Amiens, la châsse du même saint transportée par deux clercs ; elle est à peu près de la dimension d’un cercueil, et paraît exécutée en bois recouvert de lames de métal (fig. 3). Des infirmes se placent sous la châsse et la touchent en invoquant le saint, afin d’être guéris de leurs maux. C’était en effet ainsi qu’on venait implorer l’intercession d’un saint, en se plaçant directement sous la châsse qui contenait son corps. Cet usage, établi probablement par les fidèles, fit que l’on plaça presque toujours les chasses, à partir du XIIe siècle, soit sur des édicules élevés, comme la châsse de saint Marcel, soit sur des crédences, sous lesquelles on pouvait passer à genoux et même en rampant.

Il n’existe aujourd’hui qu’un bien petit nombre de ces châsses de bois d’une époque ancienne destinées à contenir des corps-saints. Nous en connaissons une à Cunault (Maine-et-Loire), sur laquelle on voit encore des traces de peintures et sculptures représentant les douze apôtres, le Christ accompagné d’anges thuriféraires ; sa forme est d’ailleurs d’une extrême simplicité ; une arcature ogivale sépare les apôtres. Cette châsse date du XIIIe siècle. On en voit une, également de bois, dans l’église de Saint-Thibaut (Côte-d’Or), qui date du commencement du XVe siècle, cette châsse n’est ornée