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[ CHASSE ]
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saint Firmin était placée derrière l’un des autels de l’église abbatiale de Saint-Denis[1]. A la cathédrale d’Amiens, dans les bas-reliefs qui décorent le tympan de la porte dite de la Vierge dorée, on remarque, derrière un autel, une grande châsse en forme de coffre, sur laquelle est posée la statue d’un évêque ; un aveugle approche de ses yeux la nappe qui couvre ce coffre : c’est la châsse de saint Honoré opérant des guérisons miraculeuses par l’attouchement des linges dont elle est couverte. Ce renseignement a sa valeur ; il explique comment, au XIIIe siècle, étaient placées les grandes châsses à la portée des fidèles, comment elles étaient recouvertes de nappes ainsi qu’un autel, et comment l’image des saints dont elle enveloppaient la dépouille était représentée. La figure 2 nous dispensera de plus longues explications.

Derrière le grand autel de Notre-Dame de Paris, on voyait, dit Dubreuil, « sur une large table de cuivre, soutenue de quatre gros et fort haults piliers de mesme estoffe, la châsse de saint Marcel, neufième évesque de Paris… A droite, sur l’autel de la Trinité, dict des Ardents, est la châsse de Notre-Dame, d’argent doré ; en laquelle il y a du laict de la sainte Vierge, et de ses vêtemens ; plus des pierres desquelles fust lapidé saint Etienne… A côté senestre dudict autel est une châsse de bois, ayant seulement le devant couvert d’argent doré, en laquelle est le corps de sainct Lucain, martyr… Ceste châsse, couverte de quelque drap de soye précieux, se porte en procession par deux hommes d’église… »

  1. Voyez le Dict. d’architect. du XIe au XVIe siècle, art. Autel, fig. 15 et 16.