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Les chaires, pendant le XVe siècle, (étaient souvent drapées, comme la chaire du XVIe siècle représentée fig. 11, au moyen d’une grande pièce d’étoffe jetée sur le dossier, le siége et le bras. Ces draperies mêmes prirent souvent la forme d’une housse, c’est-à-dire qu’elles furent adaptées au meuble de façon à le couvrir exactement. Voici (fig. 15) une chaire ainsi tapissée : la housse forme de larges plis ; elle est faite d’un brocart d’or avec pois rouges, et tombe assez bas pour que la personne assise puisse mettre ses pieds sur son extrémité antérieure[1].

L’usage des chaires fixes à grands dossiers se perdit pendant le XVIe siècle ; elles furent remplacées par des meubles plus mobiles, et l’on commença dès lors à fixer au bois l’étoffe destinée à les garnir. Jusqu’alors, comme nous l’avons dit, les coussins ou tapis étaient indépendants des siéges et simplement jetés sur la tablette et les bras ; du moment que les chaires devenaient mobiles, il fallait nécessairement que les garnitures d’étoffe fussent clouées sur leur surface.

CHAPIER. s. m. Meuble composé de tiroirs semi-circulaires tournant sur un pivot placé au centre du demi-cercle, et servant, depuis le XVIIe siècle, à renfermer les chapes. Cette combinaison de meuble fut commandée par l’usage que l’on fit, à partir de cette époque, de chapes d’étoffes roides et ne pouvant, à causes de lourdes broderies dont elles étaient surchargées, supporter de plis. Jusqu’au XVIe siècle, le clergé se servait de chapes d’étoffes souples que l’on se contentait d’accrocher à des portemanteaux fixés dans les armoires-vestiaires. Les chapiers à tiroirs semi-circulaires ont l’inconvénient, outre leur prix, qui est élevé, de tenir une place considérable dans les sacristies. Ces meubles ne peuvent avoir moins de 4 mètres de longueur sur 2 mètres de largeur : c’est la surface qu’occupe une petite chambre.

CHAR, s. m. (char branlant, charrette, chariot, curre). Les chars, carrosses, voitures, étaient en usage pendant le moyen âge. Il y a lieu de croire même que, dès l’époque mérovingienne, il existait une sorte de service public de voitures. Childebert, voulant s’emparer des trésors de Rauching, expédie des ordres et envoie des gens munis de lettres qui mettaient à leur disposition les voitures

  1. Le Romuléon, hist. des Romains, man. XVe siècle. Bibl. nat., no 6984. « Comment une femme appelée Zénobie obtint l’empire, en partie, de Perse et de Syrie. » Ce meuble est donc celui d’un grand personnage.