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VIE PRIVÉE DE LA HAUTE BOURGEOISIE.

Ne de toille, franc camelin :
Ne de Goudale, sade vin,
Souloient dire les anciens,
Non se pourroit fiire pour riens
Se au prince faiiloit conseil querre,
Ou s’il survenoit une guerre,
De quoy luy sauroyent ayder ?
« Ne le me vueilliez demander[1].

............

Ailleurs le Sarrasin reproche aux Français les abus du temps :

Vous avez une autre police
Qui certes me samble trop nice,
Qu’entre vous je voy ces truans
Voulans contrefaire les grans ;
Se un grans portoit mantel en ver,
Incontinent un vilain sers
Aussi se prent en ver porter
Pour les bien nobles ressambler.

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Puis, c’est le Juif qui demande à rentrer en France ; car les marchands, dit-il, se livrent, à l’abri de leur négoce, à une usure cent fois pire que la sienne. Jehan lui reproche de ne cultiver aucun art, de n’être ni laboureur ni marin :

Pourquoi estes-vous venus cy ?

Le Juif répond :

Loy de Dieu, Sire, je vous pry
Que vous me veuilliez escouter :
Je suy çà venus espyer,
« Par mandement de nos Juifz,
Se nous pourrions estre remis
Et retourner en ceste terre.
Nous avons oy que tel guerre
font les usuriers marchans
Qu’ilz gaignent le tiers tous les ans :
Sy font secrètement usure
Tel qui passe toute mesure,
Car il fauldra grand gage perdre
« Se cilz ne vient au jour por rembre ;

  1. L’Apparition de Jehan de Meun, par Honoré Bonet, prieur de Salon, xive siècle. Publ. par la Société des Biblioph. franc., 1858.