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VIE PUBLIQUE DE LA NOBLESSE FÉODALE, ETC.

de fours, etc. Une écurie provisoire, d’une étendue considérable, fut élevée dans le cimetière de Saint-Margaret. Pour que le roi et la reine pussent passer à couvert de leurs appartements à l’église, on dressa une galerie de bois. Le chœur de l’abbaye était garni d’un plancher provisoire[1]. Les travaux et le vin seulement s’élèvent à 2865 liv. 1 s. 1 d. Cette somme doit être multipliée par 15, si l’on veut connaître la valeur qu’elle représente aujourd’hui, c’est-à-dire 1 074 875 francs environ. A cette occasion, la grande et la petite salle de Westminster furent « blanchies et repeintes à neuf, et le « palais fut réparé ».

Le trouvère Cuvilier, au XIVe siècle, donne quelques détails sur le couronnement de Henri de Transtamare à Burgos :

« Le jour de saintes Pasques que Dieu fu surrexis,
« Fu couronnez à joie li nobles roys Henris
« Ou moustier Nostre-Dame, la mère Jhesu-Cris
« Là fu li nobles rois sacrez et bénéis
« Et receut la couronne par devant les martirs ;
« De l’evesque de Burs (Burgos) fu li services dis ;
« Li rois fu couronnez, et la dame gentilz
« Ramenée au palais, qui estoit moult jolis.
« A joie et à honnour fu li rois recueillis.
« Nobles fu li disners de tous bien raemplis,
« De gelines, de grues et de chappons rostis
« Et de tous riches vins des meilleurs du païs.
« Maint son de menestrez y fu ce jour oys,
« Menestrez et heraut y furent bien partis :
« Chascun receut beaux dons et fu bel revestis. »

Les comptes de Geoffroi de Fleury, argentier du roi Philippe le Long (fin de l’année 1316), donnent le détail des dépenses faites à l’occasion du sacre du roi, le 9 janvier 1317, en vêtements, étoffes, tentures et tapis. Ces dépenses s’élèvent, pour le roi, à : 2378 liv. 8 s. 6 d., pour la reine et ses enfants à 5007 liv. 13 s. 10 d. Ils mentionnent, pour le roi, trois chambres, et pour la reine deux chambres, tendues de neuf avec un grand luxe d’étoffes, de broderies, de tapis, coussins, courtines[2].

Froissart s’étend assez longuement sur le sacre et couronnement du jeune roi Charles VI, le dimanche 4 novembre 1380 : « Et entra

  1. Comptes de maître Robert. Voy. Domestic Architect., thirteenth century, General Remarks, p. 65.
  2. Voyez les Comptes de l’argenterie des rois de France au XIVe siècle, publ. par L. Douët d’Arcq. Renouard, 1851.