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[ ARMOIRE ]
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de la figure 11, nous donnons diverses combinaisons de ces panneaux figurant des parchemins pliés, si fort en vogue pendant le XVe siècle (fig. 14).

La salle du trésor de l’église Saint-Germain l’Auxerrois, située au-dessus du porche, contient encore ses armoires, qui datent de la construction de cette partie de l’édifice, c’est-à-dire de la fin du XVe siècle. Ces meubles sont fort bien exécutés, comme toute la menuiserie de cette époque, parfaitement conservés, et garnis de leurs ferrures. Les armoires du trésor de Saint-Germain l’Auxerrois portent sur un banc (fig. 15) dont la tablette se relève. Ici les vantaux sont unis, sans peintures, décorés seulement de jolies pentures de fer plat découpé et d’entrées de serrures posées sur drap rouge ; car alors les ferrures de meubles, n’étant pas entaillées dans le bois comme elles le sont aujourd’hui, s’appliquaient sur des morceaux de cuir ou de drap découpé. La peau ou le drap débordait quelquefois la ferrure par une petite fraise, et se voyait à travers les à-jour de la serrurerie. Les vis n’étaient pas encore usitées à cette époque pour attacher les ferrures aux bois[1] ; les pièces de serrurerie sont toujours clouées ; les pointes des clous étaient même souvent rivées à l’intérieur, afin d’éviter qu’on ne pût les arracher ; dès lors, pour pouvoir frapper sur les têtes de clous sans gâter le bois, et pour que

  1. La fabrication à la main, des vis, était trop longue et difficile, pour que l’on employât ce moyen d’attache dans la menuiserie. La vis ne se trouve que dans les armes.