lequel on exécutait des gaufrures, des dorures, des sujets et ornements
coloriés. Nul doute que, parmi ces grandes armoires qui étaient
disposées près des autels, il n’y en eut qui fussent ainsi décorées ;
mais c’est surtout dans les palais que ces meubles sculptés et revêtus
de gaufrures et peintures devaient se rencontrer, car jusqu’au
XVe siècle l’armoire, le bahut, la huche, étaient à peu près les seuls
meubles fermants, d’un usage habituel,
chez le riche seigneur comme
chez le petit bourgeois.
Les vantaux des armoires présentent
donc rarement, à partir de la
fin du XIVe siècle, des surfaces unies
recouvertes de peinture ; ils se composent
de plusieurs panneaux embrevés
à languettes dans des montants et
traverses. Mais, à dater de cette époque,
l’art du menuisier et du sculpteur
sur bois avait fait de grands progrès :
on ne se contente pas de panneaux
simples ; autant pour les renforcer
par une plus forte épaisseur vers leur
milieu que pour les décorer, ils présentent, le plus souvent, un
ornement en forme de parchemin plié. Tels sont les panneaux du
vantail de la petite armoire que nous donnons ici (11)[1], fermée par
un simple verrou (12). Deux pentures suspendent le vantail ; voici
le détail, moitié d’exécution, de l’une d’elles (fig. 13). A l’appui
- ↑ Nous devons ce dessin à l’obligeance de M Ruprich Robert. Cette armoire est posée à l’angle d’une salle de l’église de Mortain (abbaye Blanche), garnie de stalles ; elle était élevée au niveau de l’appui des siéges et se raccordait avec la boiserie formant leur dossier.