Page:Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné du mobilier français de l'époque carlovingienne à la Renaissance (1873-1874), tome 1.djvu/25

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
[ ARMOIRE ]
— 13 —

lequel on exécutait des gaufrures, des dorures, des sujets et ornements coloriés. Nul doute que, parmi ces grandes armoires qui étaient disposées près des autels, il n’y en eut qui fussent ainsi décorées ; mais c’est surtout dans les palais que ces meubles sculptés et revêtus de gaufrures et peintures devaient se rencontrer, car jusqu’au XVe siècle l’armoire, le bahut, la huche, étaient à peu près les seuls meubles fermants, d’un usage habituel, chez le riche seigneur comme chez le petit bourgeois.

Les vantaux des armoires présentent donc rarement, à partir de la fin du XIVe siècle, des surfaces unies recouvertes de peinture ; ils se composent de plusieurs panneaux embrevés à languettes dans des montants et traverses. Mais, à dater de cette époque, l’art du menuisier et du sculpteur sur bois avait fait de grands progrès : on ne se contente pas de panneaux simples ; autant pour les renforcer par une plus forte épaisseur vers leur milieu que pour les décorer, ils présentent, le plus souvent, un ornement en forme de parchemin plié. Tels sont les panneaux du vantail de la petite armoire que nous donnons ici (11)[1], fermée par un simple verrou (12). Deux pentures suspendent le vantail ; voici le détail, moitié d’exécution, de l’une d’elles (fig. 13). A l’appui

  1. Nous devons ce dessin à l’obligeance de M Ruprich Robert. Cette armoire est posée à l’angle d’une salle de l’église de Mortain (abbaye Blanche), garnie de stalles ; elle était élevée au niveau de l’appui des siéges et se raccordait avec la boiserie formant leur dossier.