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Évangiles et les livres de chant nécessaires au service religieux, (voy. Armoire).

Charles V réunit, dans l’une des tours du château du Louvre, une belle bibliothèque pour son temps, qui forma le premier noyau de cette riche collection de livres conservés aujourd’hui rue de Richelieu. Comment étaient faits les meubles de cette librairie, c’est ce que nous ne pouvons savoir aujourd’hui. C’était, autant qu’on peut en juger par les peintures des manuscrits, des tablettes sur lesquelles étaient rangés les livres, soit sur leur plat, soit le dos contre la muraille et la tranche vers le dehors ; car les manuscrits, fermés par deux bandes de cuir et des agrafes (pipes), avaient le plus souvent leur titre gravé sur la tranche et non sur le dos. Ou bien c’étaient des armoires basses, sortes de buffets fermés avec tablette sur laquelle on ouvrait les livres lorsqu’on voulait les consulter. Sauval[1], qui pouvait puiser des renseignements à des sources perdues aujourd’hui, dit que Charles V « n’oublia rien pour rendre la bibliothèque du Louvre la plus nombreuse et la mieux conditionnée de son temps.... Si bien que, outre les bancs, les roues, les lettrins et les tablettes de la bibliothèque du Palais qu’on y avoit transportés, il fallut que le roi en fit faire encore quantité d’autres. Il ne se contenta pas de cela ; car, pour garantir ses livres de l’injure du temps, il ferma de barreaux en fer, de fil d’archal et de vitres peintes, toutes les croisées ; et afin qu’à toute heure on y pût travailler, trente petits chandeliers et une lampe d’argent furent pendus à la voûte, qu’on allumoit le soir et la nuit. On ne sait point de quel bois étoient les bancs, les roues, les tablettes, ni les lectrins; il falloit néanmoins qu’ils fussent d’un bois extraordinaire, et peut-être même rehaussé de quantité de moulures ; car enfin les lambris étoient de bois d’Irlande la voûte enduite de cyprès, et le tout chargé de basses tailles (bas-reliefs)..... »

LIT, s. m. Meuble de bois ou de métal garni de matelas, couvertures, oreillers, courtes-pointes et draps, destiné au repos. De toute antiquité, les lits ont été en usage; les peintures et bas-reliefs assyriens, égyptiens, grecs et romains, nous en donnent de nombreux exemples. Les anciens, jusqu’aux ive et ve siècles, prenaient mémo leurs repas couchés sur des lits disposés en fer à cheval autour d’une table sur laquelle étaient placés les mets. Cet usage paraît avoir été abandonné vers le vie siècle. A dater de cette époque ou environ, en

  1. Livre VII, p. 15.