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[ LAMPESIER ]
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belles. « L’une d’elles, la plus grande, dit M. de Caumont[1], remonte à l’évêque Hézilon. Elle se compose de cercles d’un très-grand diamètre, portant des tours et des flambeaux de cuivre doré sur lesquels se lisent des inscriptions émaillées : la dentelle du pourtour était d’argent. Les douze tours attachées sur les cercles de métal, comme dans la couronne d’Aix-la-Chapelle, logeaient chacune quatre statuettes d’argent, représentant des personnages de l’Ancien Testament et les personnifications des Vertus, ce que prouvent les noms qu’on lit encore sur ces tours. Au milieu des espaces compris entre les tours se trouvent des niches qui portent les noms des douze apôtres, preuve qu’elles en renfermaient les statuettes. Il y aurait donc eu soixante statuettes dans les niches et les tours qui garnissent les cercles de cette grande couronne. On croit que les lampes étaient superposées aux tours. D’une tour à l’autre, six flambeaux portaient des cierges ; il y en avait en tout soixante-douze… La seconde couronne de Hildesheim se trouve dans le chœur de la cathédrale. On la fait remonter au milieu du XIe siècle… ; mais elle est moins grande que celle de la nef, et les espaces compris entre les tours ne portaient que trois flambeaux, de sorte qu’il n’y en avait que trente-six au lieu de soixante-douze dans le pourtour. Les tours ou niches renfermaient quarante-huit statuettes de bronze, qui n’existent plus[2]. »

Les lampiers, couronnes ou phares, n’avaient pas toujours ces dimensions considérables, et il en était beaucoup qui ne portaient qu’une seule lampe : celles-ci sont encore plus rares que les grandes couronnes, s’il est possible ; leur peu d’importance les a fait supprimer depuis longtemps dans les églises. Il nous faut avoir recours aux vignettes des manuscrits, aux vitraux ou aux bas-reliefs, pour pouvoir nous rendre compte de leur disposition et de leur forme.

Les petits lampiers à une seule lampe étaient habituellement suspendus au-dessus des autels, et leur forme la plus vulgaire est celle reproduite dans la figure 4[3]. Quelquefois la lampe est placée au milieu

  1. Voyez le Rapport de M. de Caumont sur les couronnes de lumières de Hildesheim (Bull. monum., vol. XX, p. 289).
  2. Voyez, dans le même rapport, un croquis de cette seconde couronne, fait sur une gravure de M. le docteur Kratz.
  3. Du bas-relief de la porte Sainte-Anne, à Notre-Dame de Paris, XIIe siècle.