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[ HERSE ]
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HERSE, s. f. (râtelier). Sorte de traverse de fer, de cuivre ou de bois posée sur un ou deux pieds, ou suspendue par des potences, sur laquelle on disposait des cierges dans les chœurs, à côté ou devant l’autel, devant les châsses des saints, près des tombeaux particulièrement vénérés, dans certaines chapelles. Ce meuble est encore en usage dans les églises ; il se compose habituellement aujourd’hui d’un triangle de fer hérissé de pointes verticales, en forme d’if, destinées à retenir de petits cierges.

« Entre le chœur et le sanctuaire (de la cathédrale de Lyon), au milieu, est un chandelier à sept branches appelé râtelier, en latin rastrum ou rastellum[1], composé de deux colonnes de cuivre hautes de six pieds, sur lesquelles il y a une espèce de poutre de cuivre de travers, avec quelques petits ornements de corniches et de moulures, sur laquelle il y a sept bassins de cuivre avec sept cierges qui brûlent aux fêtes doubles de première et de seconde classe… À cette porte (du haut du chœur) il (l’archevèque) salue d’une inclinaison de tête l’autel, puis étant, à côté du râtelier ou chandelier à sept branches, il ôte sa mitre[2]. »

La gravure que le sieur de Mauléon donne de ce meuble est fort grossière ; elle ne peut que nous fournir un renseignement plus précis que le texte. Nous chercherons à l’interpréter ici du mieux qu’il nous sera possible (fig. 1). Les colonnes cannelées qui supportent la traverse feraient supposer que la herse de la cathédrale de Lyon pouvait appartenir au style du sanctuaire (fin du XIIe siècle), dans lequel on remarque un grand nombre de pilastres cannelés. L’une des deux colonnes porte un crochet. « L’encensoir est accroché, dès le commencement de vêpres, au pilier droit du râtelier, et la navette est au milieu de l’autel. Le thuriféraire, qui doit être sous-

  1. « Ordo cereorum instar rastri circa altare Usus culturæ cenoman. Mss. accendatur omnes lampades ecclesiæ et rastrum ante et retro. » Consuet. Mss. S. Crucis Burdegal. ante anno 1305 : « Debent portari cadavera familiarium per quatuor familiares dicti monasterii coram altari B. M. V. extra januaria ejusdem altaris, et rastellum ejusdem altaris debet compleri de candelis. » (Du Gange, Gloss.)
  2. Voyages liturg. en France, par le sieur de Mauléon, p. 44.