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PREMIÈRE PARTIE

MEUBLES


A

ARMOIRE, s. f. (amaire, almaire). Ce mot était employé, comme il l’est encore aujourd’hui, pour désigner un meuble fermé, peu profond, haut et large, à un ou plusieurs vantaux, destiné à renfermer des objets précieux.

De tous les meubles, l’armoire est peut-être celui qui a conservé exactement ses formes primitives. On a retrouvé à Pompéi des armoires ou empreintes d’armoires qui donnent la structure et l’apparence des meubles de cette nature dont on se sert encore aujourd’hui.

Autrefois, dans les églises, il était d’usage de placer des armoires de bois, plus ou moins richement décorées, près des autels, pour conserver sous clef les vases sacrés, quelquefois même la sainte Eucharistie. Des deux côtés de l’autel des reliques de l’église abbatiale de Saint-Denis, Suger avait fait disposer deux armoires contenant le trésor de l’abbaye[1]. Derrière les stalles, sous les jubés, des armoires contenaient les divers objets nécessaires au service du chœur, parfois même des vêtements sacerdotaux ; beaucoup de petites églises n’avaient pas de sacristies, et des armoires en tenaient lieu. Il va sans dire que les sacristies contenaient elles-mêmes des armoires dans lesquelles on déposait les trésors, les chartes et les livres de chœur. Près des cloîtres, dans les monastères, une petite salle, désignée sous le nom d’armaria, contenait des meubles renfermant des livres dont les religieux se servaient le plus habituellement pendant les heures de repos. Le

  1. Dom Doublet. — Du Cange, Gloss., Armaria, Armariolus.