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[ ESCABEAU ]
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ESCABEAU, s. m. (escame). Petit banc sans dossier, court, bas et étroit.

 « Uns compains estoit assomez (assoupi)
« Qui ronfloit dessus une escame[1]. »

L’escabeau est plus bas que le banc et la chaise ; l’inférieur auquel on permettait de s’asseoir prenait un escabeau (fig. 1)[2]. C’était un meuble commode pour causer avec les femmes, celles-ci étant assises sur des bancs ou des chaires ; il permettait de se tourner dans tous les sens, de se déplacer facilement. Aussi les escabeaux étaient-ils souvent triangulaires (fig. 2)[3]. On ne s’en servait pas seulement comme de sièges, mais aussi comme de petites tables basses, ainsi que l’indique la dernière figure ; on posait dessus une tasse, un pot, une assiette pour goûter. Les femmes s’en servaient aussi comme de tabourets, lorsqu’elles travaillaient à l’aiguille et au métier, occupations pendant lesquelles il est nécessaire d’avoir les pieds élevés. Les meubles servant de sièges pendant le moyen âge sont très-variés de forme, de hauteur et de dimensions ; autant les uns étaient fixes et lourds, autant les autres étaient légers et mobiles. Ces différences ne contribuent pas peu à donner à la conversation un tour facile, imprévu, piquant ; car, si l’on veut bien le remarquer, rien n’est moins pittoresque qu’une réunion de personnes, hommes et femmes, assis tous sur des sièges de formes et de hauteurs pareilles : il semble qu’alors la conversation prenne quelque chose de l’uniformité de postures qui résulte de la similitude des sièges. Nous ne savons si la décence y gagne, mais certainement l’esprit y perd quelque chose

  1. Eust. Deschamps, le Dit du jeu des dés, XIVe siècle.
  2. Manuscr. de l’Hist. de Girard de Nevers. Bibl. imp., fonds la Vallière, no 92, XVe siècle.
  3. Ibid.