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l’étoffe, et les insignes de la qualité du mort étaient déposés au centre de la croix. La figure 2 donne un exemple de cette disposition. Pour les obsèques des souverains, les draps, très-amples, recouvraient le sol autour de la bière, et sur ces pentes étaient placés les flambeaux.

Il ne paraît pas que le noir fût adopté pour les draps mortuaires ou poêles avant le XVIe siècle[1] ; dans les peintures, les vitraux et les miniatures, les cercueils sont recouverts de draps d’or, chamarrés ou unis, de couleur avec dessins, avec ou sans croix ; au XIVe siècle particulièrement, les draps adoptent les émaux des armes du défunt, car le poêle était surtout destiné à faire connaître sa qualité. Ce ne fût guère qu’au XVIe siècle que les poêles furent invariablement noirs et blancs, exceptés pour les personnages souverains, qui conservèrent l’or, le pourpre, le violet ou le rouge. Nous avons encore vu, dans quelques églises, des draps de cette époque pendus aux murailles ou

  1. Pour la sépulture de l’abbé de Saint-Ouen de Rouen, Jehan Marc-d’Argent, « furent achetés deux biaux draps d’or qui furent bordés de noirs cendaux ». Chron. de Saint-Ouen, recueillie par Franç. Michel, p. 24.)