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le dos du clergé[1] » Les anciennes stalles de l’église abbatiale de Saint-Denis étaient encore, du temps de dom Doublet, garnies de tapisseries semées de fleurs de lis d’or. A la cathédrale de Paris, des tapisseries étaient également suspendues aux dossiers des chaires du chœur avant 1714[2]. Ce n’était pas seulement le long des meubles fixes, comme les stalles, que l’on plaçait des tentures d’étoffes, c’était aussi contre les dossiers des bancs ou formes disposés autour des appartements dans les palais et maisons. La fig. 1[3] représente un de ces meubles civils garni de son dorsal, de sa couverture ou keutespointe et de coussins. Ce dorsal est vert avec dessins or. Il est accroché par des anneaux à des boutons fixés au sommet des panneaux du meuble sous le dais saillant, et tombe jusqu’au siège. Ces tentures pouvaient donc être facilement enlevées pour être nettoyées ou remplacées. Il est probable qu’on ne les posait, lorsqu’elles étaient précieuses, que pour les grands jours ; à l’ordinaire, on accrochait des pièces de serge ou d’étoffe commune.

DRAP, s. m. Pièce d’étoffe plus ou moins riche, que l’on posait sur le cercueil d’un mort, ou que l’on jetait sur le corps d’un chevalier, d’un noble tué dans une bataille, avant de l’ensevelir. Quand Charles de Blois est tué devant le château d’Alroy, le comte de Montfort dit à ses chevaliers :

« … Seignor, aller cerchant
« Le ber Charles de Bloiz, qui est mort en ce champ ;
« Et puis le renderay aux gentilz (bourgeois) de Guingamp.
« …
« Adont le fist partir tost et incontinant
« Et couvrir d’un drap d’or, à loi d’omme poissant.
« …[4] »

Dans la tapisserie de Bayeux, on voit la bière du roi Edward portée par huit hommes ; elle est couverte d’un drap très-riche et qui

  1. Mém. concernant l’hist. civ. et ecclés. d’Auxerre, par l’abbé Lebeuf, t. I, p. 261.
  2. L’Entrée triomphante de LL. MM. Louis XIV et M. Thérese d’Austriche, etc. Paris, 1662, pet. in-fo. Voyez la gravure, IIe part., p. 29.
  3. Du manuscr. le Romuléon, Biblioth. nat., no 6984.
  4. Variante : « En bière et bien couvert droitement à Guingant. » (Chron. de Bertr.
    du Guesclin, XIVe siècle, t. I. vers 6318 et suiv. Coll. des docum. inéd. sur l’hist. de
    France)