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[ CRÉDENCE ]
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ainsi les coussins de siéges sont épais, larges, carrés ou ronds ; ceux destinés à être placés sous les pieds sont quelquefois en forme de boule ; ceux jetés sur les bancs sont taillés de façon à permettre aux personnes assises d’appuyer leurs coudes entre leurs oreilles. C’est ainsi que sont figurés les coussins que nous présente la vignette (fig. 1), tirée du manuscrit de Girard de Nevers, de la Bibliothèque nationale[1]. Les dames de qualité qui se rendaient à l’église faisaient porter avec elles des coussins que l’on posait sur les dalles ; elles pouvaient s’agenouiller ainsi sans trop de fatigue et sans salir leurs vêtements. Dans les cérémonies, c’était, comme aujourd’hui encore, sur des coussins richement drapés que l’on posait les insignes, couronnes, épées, sceptres.

COUVERTURE, s. f. — Voy. Lit.

CRÉDENCE, s. f. Petit buffet sur lequel on déposait les vases destinés à faire l’essai. La crédence, dans l’église, est une tablette sur laquelle on plaçait les burettes, les linges et tous les menus objets nécessaires aux cérémonies du culte. Jusqu’au XVIe siècle, une crédence est disposée près de chaque autel et souvent dans la niche destinée aux piscines.

« Les principaux autels d’aujourd’hui », dit Thiers dans sa Dissertation sur les principaux autels des églises, « ne sont pas toujours accompagnés de ce que nous appellons crédences. La plus-part de ceux des cathédrales n’en ont point du tout. Ceux des autres églises en ont, les uns deux, l’une à droit, l’autre à gauche ; les autres n’en ont qu’une à droit ou du côté de l’épître. Mais il n’y a que celle qui est du côté de l’épître qui serve à mettre le calice, les burettes, le livre des épîtres et des évangiles, etc. Celle qui est à gauche ne sert de rien pour l’ordinaire, si ce n’est pour faire la simétrie, ou tout au plus pour placer quelques chandeliers et quelques violiers… » Cette idée de symétrie n’existait pas avant le XVIe siècle, et il n’y avait du côté de l’épître qu’une crédence. « Les rubriques du Missel romain n’en veulent qu’une tout au plus du côté de l’épître, encore insinuent-elles que l’on s’en pourroit passer s’il y avoit une petite fenêtre proche l’autel, où l’on pût mettre la clochette, les burettes, le bassin et l’essuie-main qui servent à la messe… Le cérémonial des évêques n’en veut qu’une aussi, dont on ne doit se servir qu’aux messes solemnelles. » Mais jus-

  1. Manusc. fonds la Vallière, no 92.