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de savoir et de soins. Ayant constaté la tendance de cette province centrale à ne pas abandonner ses traditions romanes, même pour la construction des voûtes tournantes posées sur piles isolées qui exigeaient des combinaisons entièrement neuves, nous allons suivre la marche des perfectionnements rapides introduits dans la structure des voûtes appartenant aux édifices du Nord.

En se reportant aux figures 1, 2, 5 et 8 de cet article, on observera que les voûtes romaines, qui présentent une structure parfaitement homogène, si on ne les considère que superficiellement, se composent en fait, de nerfs et de parties neutres, ou, si l’on préfère cette définition, d’une membrure et de remplissages rendus aussi légers et aussi inertes que possible. Nous avons donné les deux raisons principales qui avaient fait adopter ce parti : la première, l’économie des cintres de charpente ; la seconde, l’avantage de bander les voûtes suivant une méthode rapide qui assurait l’homogénéité de leur structure, une égale dessiccation des mortiers, et qui permettait d’obtenir, en même temps qu’une parfaite solidité, la plus grande légèreté possible. Nous avons vu que, dans la construction des voûtes d’arête, les Romains noyaient des arêtiers de brique dans l’épaisseur même de la voûte, comme ils noyaient des arcs-doubleaux dans l’épaisseur des berceaux et des côtes dans l’épaisseur des coupoles. Cette méthode était judicieuse, inattaquable au point de vue de la solidité ; l’était-elle autant au point de vue de l’art ? Si l’architecture a pour objet de ne dissimuler aucun des procédés de structure qu’elle emploie, mais au contraire de les accuser en leur donnant les formes convenables, il est évident que les Romains ont souvent méconnu ce principe ; car, les voûtes enduites, recouvertes intérieurement de stucs et de peintures, suivant des combinaisons indépendantes de la membrure, il était impossible de savoir si ces voûtes possédaient ou non des arcs-doubleaux, des nerfs dans leur contexture. Cette ossature résistante, jugée nécessaire à sa stabilité, n’était pas toujours visible ; si elle est en partie accusée dans la coupole du Panthéon, elle ne l’est pas dans les voûtes des thermes d’Antonin Caracalla, dans celles de la basilique de Constantin, dans la grande salle des thermes de Dioclétien. La question est ainsi réduite à ses limites les plus étroites. Toute structure ne doit-elle pas être pour l’architecte le motif d’une disposition compréhensible pour l’œil. Les Grecs, tant vantés comme artistes, avec raison, et si peu compris, s’il s’agit d’appliquer leurs principes, ont-ils fait autre chose, dans leur architecture, que de considérer la structure comme la raison déterminante de toute forme ? En ont-ils jamais dissimulé les moindres membres ? Et ces petits édifices de la Syrie centrale, dont nous avons parlé plus haut, ne sont-ils pas la plus vive expression de ce sentiment du Grec, qui le porte, dans les choses d’architecture, à considérer toute structure comme l’élément constitutif de la forme visible, même après qu’il a subi l’influence romaine, influence si contraire aux goûts du Grec.

Mais ces Grecs des bas temps n’ont pas, dans la Syrie centrale, fait