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est nécessaire d’établir des cintres rayonnants divisant la demi-sphère par côtes, comme les degrés de longitude divisent la terre ; mais les couchis qui vont d’un cintre à l’autre donnant des lignes droites, il en résultait, ou que la voûte était composée d’une suite de plans, ou qu’il eût fallu faire une forme sur ces couchis pour arriver à la courbe sphérique. Cela exigeait beaucoup de bois, était long, et dispendieux par conséquent. Des difficultés plus graves surgissaient si la voûte sphérique avait un très-grand diamètre, comme celle du Panthéon de Rome, par exemple[1]. En supposant qu’on eût voulu élever une voûte couvrant une aussi grande surface par la méthode adoptée dans les temps modernes, c’est-à-dire par zones maçonnées successivement sur cintres, on comprend quelle puissance il eût fallu donner à ces cintres, et comme il eût été nécessaire d’assurer leur parfaite immobilité pendant un laps de temps très-considérable ; or, les bois à l’air en aussi grande quantité, et vu le nombre de leurs assemblages, travaillent de telle sorte, que, malgré toutes les précautions, un cintrage de cette importance s’affaisserait peut-être de 0m,50 à son sommet au bout de trois ou quatre mois. Il n’en faut pas tant pour compromettre l’exécution d’une coupole de cette dimension. Mais si, sur un cintrage relativement léger, les constructeurs peuvent en très-peu de temps bander une ossature légère, mais assez résistante cependant pour permettre de compléter la structure de l’énorme demi-sphère, sans se presser et sans craindre les tassements ou affaissements partiels, le problème sera résolu, et l’on ne courra aucun risque, car le décintrage de la voûte se réduira à un enlèvement de pièces de bois dont la fonction sera devenue insignifiante ; il pourra se faire sans qu’il y ait à prendre ces précautions délicates, faute desquelles il peut survenir une catastrophe. Dans les constructions, il ne faut jamais que l’oubli d’une précaution, une maladresse puissent occasionner un sinistre ; les procédés pratiques doivent offrir toute sécurité, et rien ne doit être livré au hasard ou à la chance plus ou moins heureuse. C’était bien évidemment ainsi que les architectes romains entendaient élever leurs bâtisses.

Piranesi a donné une gravure de la construction de la coupole du Panthéon de Rome ; mais nous ne savons sur quelle donnée il a fait sa planche, car de son temps, pas plus qu’aujourd’hui, on n’en pouvait reconnaître exactement la structure. Nous pensons que le système qu’il indique est celui de l’extrados de la coupole qu’il aura pu voir pendant qu’on réparait la couverture de plomb ; il aura supposé que la combinaison visible à l’extérieur devait se reproduire à l’intérieur ; or, cela n’est pas possible, si l’on considère la disposition de cet intérieur et l’épaisseur de la voûte, qui, près de la lunette, n’a pas moins de 1m,50. Les briques que l’on peut voir à l’extrados ne traversent certainement pas l’épaisseur de la voûte ; donc la structure, l’ossature visible à l’inté-

  1. La voûte du Panthéon d’Agrippa a 43 mètres 36 centimètres de diamètre.