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procédés employés par les diverses écoles françaises, pendant l’espace de trois ou quatre siècles. Il y a dans l’étude de cet art ou de cette industrie, si l’on veut, reprise depuis peu par quelques artistes distingués, un champ d’observation très-étendu à parcourir. Nous ne pouvons qu’indiquer les points saillants de cette étude pour rester dans les limites du Dictionnaire. Peut-être même trouvera-t-on que nous nous sommes étendu trop longuement sur une des parties de la décoration architectonique ; mais il nous paraît qu’il y a, dans cet art de la décoration translucide, des ressources qu’on pourrait utiliser d’une manière plus large qu’on ne le fait de nos jours. Dans un climat comme le nôtre, où la lumière du soleil est souvent voilée, où les intérieurs des édifices et des habitations ne sont éclairés que par un jour blafard, il était naturel que l’on cherchât à colorer cette lumière pâle. C’était là un sentiment de coloriste. Nous avons laissé étouffer ce sentiment sous un classicisme étroit dans ses vues, prétentieux dans ses expressions, qui ne demande pas que l’on comprenne, mais qu’on admire de confiance ce qu’il admet comme licite dans l’art. Il faudrait, certes, une longue expérience et des études sérieuses pour retrouver les traces négligées de cette industrie du peintre verrier.

Quelques hommes dévoués ont fait des efforts et des sacrifices considérables, de nos jours, pour retrouver ces traces. Ils ont même ainsi ouvert, pour notre pays, une source de production assez riche ; mais, mal secondés par les fabricants de verre, qui ne se préoccupent pas des conditions nécessaires à la coloration translucide ; obligés de lutter contre une concurrence de produits à bon marché qui déprécient ce bel art aux yeux des gens de goût ; repoussés systématiquement des grands travaux publics par de puissantes coteries, c’est à grand’peine s’ils peuvent maintenir leurs ateliers ouverts. Qu’ils ne se découragent pas cependant ; leur industrie doit, dans un temps où l’architecture tend de plus en plus à élever de vastes édifices largement éclairés, trouver une belle place ; mais qu’ils emploient les loisirs que leur fait une opposition systématique à connaître les véritables ressources de cet art décoratif par excellence. Le jour de la réaction contre l’insignifiance académique arrivé, ils seront prêts.

VOIRIE, s. f. Sous le régime féodal, les routes et chemins appartenaient au seigneur sur la terre duquel s’ouvraient ces voies publiques. Le seigneur avait donc le droit de changer la direction de ces voies et de percevoir les péages destinés à leur entretien. Dans les villes, la voirie dépendait, soit de la municipalité, soit du suzerain, soit du seigneur possesseur de droits féodaux.

À Paris, avant le XIIIe siècle, la voirie ne dépendait que du roi et de l’évêque dans la circonscription de sa juridiction. Ce n’est qu’à dater du règne de Philippe-Auguste que la législation de la voirie passe entre les mains du prévôt.