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voie, avec une sorte de double linteau ou plutôt de double imposte en arcs surbaissés. Le trumeau central, saillant, découpe la statue, son dais et la croix archiépiscopale qui le surmonte, en avant de la clairevoie vitrée. C’est là, nous le répétons, un parti souvent adopté à la fin du moyen âge et jusqu’au XVIe siècle. On trouve, dans notre article Porte, un assez grand nombre de compositions de tympans pour qu’il ne soit pas utile d’insister ici sur le système décoratif de ces membres de l’architecture du moyen âge. Nous ne dirons que quelques mots des tympans d’arcatures compris entre leurs archivoltes. La sculpture d’ornement ou la statuaire jouent un rôle important sur ces sortes de tympans, d’une petite dimension généralement. Ces sculptures, faites pour être vues de près, sont traitées avec amour et habilement composées en vue de la place qu’elles occupent. On voit de très-remarquables tympans d’arcatures : aux portails de l’église de Notre-Dame la Grande, à Poitiers ; à la cathédrale d’Angoulême (XIIe siècle) ; à la sainte Chapelle du Palais, à Paris ; aux portails des cathédrales de Paris, de Bourges, d’Auxerre (XIIIe siècle) ; dans les chapelles de la nef des cathédrales de Bordeaux et de Laon (XIVe siècle), etc. (voyez Ange, Arcature, Autel, Cloître, Sculpture, Triforium ). Souvent ces tympans, lorsqu’ils sont d’une petite dimension, sont remplis par des animaux fantastiques.

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UNITÉ, s. f. Dans toute conception d’art, l’unité est certainement la loi première, celle de laquelle toutes les autres dérivent. En architecture, cette loi est peut-être plus impérieuse encore que dans les autres arts du dessin, parce que l’architecture groupe tous ces arts pour en composer un ensemble, pour produire une impression. L’architecture tend à un résultat suprême : satisfaire à un besoin de l’homme. La pensée de l’artiste, en composant un édifice quelconque, ne doit jamais perdre de vue ce but à atteindre, car il ne suffit pas que sa composition satisfasse matériellement à ce besoin, il faut que l’expression de ce besoin soit nette : or, cette expression, c’est la forme apparente, le groupement en faisceau, de tous les arts et de toutes les industries auxquels l’architecte a recours pour parfaire son Œuvre. Plus une civilisation est compliquée, plus la difficulté est grande de composer d’après la loi d’unité ; cette difficulté s’accroit de la masse des connaissances d’arts antérieurs, des traditions du passé, auxquelles la pensée de l’artiste ne peut se soustraire, qui l’obsèdent, s’imposent à son jugement, et entraînent, pour ainsi dire, son crayon dans des sillons déjà tracés.

Un de nos prédécesseurs, dont les écrits sont justement estimés, a dit : « Aussi faut-il qu’un monument émane d’une seule intelligence qui en combine l’ensemble de telle manière qu’on ne puisse, sans en