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le siège d’Acre, en 1291, rentrés en France, en Angleterre, en Espagne, où ils possédaient des commanderies, et rapportant avec eux de grandes richesses, malgré les désastres de leur ordre, ils employèrent ces trésors à augmenter et à embellir leurs résidences ; leurs loisirs, à former, dans l’État féodal déjà vers son déclin, une corporation compacte, puissante, occupée d’intrigues diplomatiques, hautaine, avec laquelle tous les pouvoirs devaient compter.


Leurs grands biens, administrés avec économie à une époque où tous les propriétaires terriens et les suze-

    teaux renferment habituellement un gros donjon carré ou sur plan barlong et leurs enceintes sont également flanquées de tours quadrangulaires. « Les châteaux de Safita, d’Areymeh, d’Athlit, et surtout la forteresse de Tortose », dit M. G. Rey, dans son Essai sur la domination française en Syrie, « nous fournissent une série de types permettant de donner une étude aussi complète que possible de cet art, dont les meilleures productions se trouvent dans les principautés d’Antioche et de Tripoli, si riches, la première particulièrement, en monuments byzantins. » Tortose, adossée à la mer, fut la dernière place qu’occupèrent les templiers en Orient. Ils n’évacuèrent cette forteresse que le 5 juin 1291. En Occident, les templiers adoptèrent également, pour la construction de leurs donjons, le plan carré ou barlong. C’est sur cette donnée qu’était bâtie la tour dite de Bichat, à Paris, et qui ne fut détruite qu’en 1855. (Voy. Tour.)