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siècle à la fin du XVe, peut se résumer en ces quelques mots : « C’est la chose portée qui commande la forme de la chose qui porte » ; et cela sans qu’on puisse trouver une seule exception à cette loi si simple et naturelle. De ce système à l’absence de tout système qui nous fait, entre autres exemples, élever des colonnes le long d’un mur pour ne rien porter du tout, et pour occuper les yeux des badauds, il y a loin, nous en conviendrons volontiers ; mais considérer comme un progrès cet oubli des lois les plus naturelles de l’architecture, et prendre des airs dédaigneux devant les œuvres d’artistes qui ont appliqué une raison rigoureuse à ce qu’ils faisaient, quand on a perdu l’habitude de raisonner, cela ferait sourire, si ce n’était pas si cher.

TRANSSEPT, s. m. (croisée). Mot dérivé du latin et que plusieurs écrivent transcept. Nous préférons adopter l’orthographe transsept, de trans et sepire, enclore au delà. En effet, dans les basiliques primitives et dans les anciennes églises conventuelles, la clôture du chœur est placée dans le transsept, l’abside étant réservée au sanctuaire.

La basilique romaine possédait parfois un transsept, c’est-à-dire un espace transversal entre le tribunal et les nefs. Dans la basilique du forum de Trajan (basilica Emilia), le tribunal occupait la largeur des cinq nefs ; les basses nefs se retournaient devant l’hémicycle[1] ; donc, ou ces basses nefs formaient une sorte de transsept, ou entre elles et le tribunal il restait un intervalle nécessaire à la construction de la couverture. Plusieurs basiliques chrétiennes des premiers siècles possédaient un transsept. C’est sur cette donnée qu’est construite la basilique de la Nativité à Bethléem, qui date du VIe siècle. La basilique de Saint-Paul hors des murs (Rome), commencée en 386 et achevée complètement sous le règne d’Honorius, restaurée à plusieurs reprises, et notamment au XIIIe siècle, possédait un vaste transsept, appartenant à la disposition théodosienne. Ce transsept primitif formait comme une œuvre à part qui, étudiée avec les textes relatifs à la première liturgie chrétienne, présente une disposition d’un grand intérêt, et que l’on retrouve dans les plans des basiliques de Saint-Pierre de Rome, de Saint-Jean de Latran, de Sainte-Marie Majeure et de Saint-Pierre ès liens (Rome)[2].

Le plan de la basilique de Saint-Paul hors des murs nous donne ce transsept de l’église chrétienne primitive bien marqué. La nef principale et les quatre nefs latérales (fig. 1) sont séparées de la croisée par

  1. Voyez les fragments du plan du Capitole.
  2. Nous engageons nos lecteurs à consulter, à ce sujet, l’excellent ouvrage de M. Henri Hubsch : Monuments de l’architecture chrétienne, traduit par M. l’abbé Guerber (1866, Morel éditeur). Ce recueil d’églises des premiers siècles, fait avec un soin rare, montre comme nos voisins d’outre-Rhin sondent scrupuleusement le champ des études archéologiques.