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Sauval[1] s’exprime ainsi au sujet du Temple : « C’est une église gothique, accompagnée devant la porte d’un petit porche ou vestibule antique, et enrichi en entrant d’une coupe (coupole), dont la voûte est égale à celle du vaisseau, et soutenue sur six gros piliers qui portent des arcades au premier étage, et sur autant de pilastres au second, qui s’élèvent jusqu’à l’arrachement de la voûte. Cette coupe (coupole) est entourée d’une nef, dont la voûte a une élévation pareille à ces arcades. Cette partie d’entrée, qui est l’unique en son espèce que j’ai encore vue en France, en Angleterre et dans les dix-sept provinces, non-seulement est majestueuse et magnifique par dedans, mais encore fait un effet surprenant et plaisant à la vue par dehors.

Le circuit de ce lieu, dit Corrozet[2] (le Temple, ses dépendances et cultures), est très-spacieux et plus grand que mainte ville renommée de ce royaume ; il est clos de fortes murailles à tourelles et carneaux larges, pour y cheminer deux hommes de front. Là sont plusieurs chapelles et logis en ruyne, qui servaient aux congrégations des templiers, chacun en sa nation… Y sont aussi plusieurs riches bastimens nouveaux faits par les chevaliers de Rhodes, auxquels les biens desdits templiers furent donnez, et par conséquent ledit lieu du Temple, dont l’église est faite à la semblance du temple de Jérusalem… »

Réunissant les renseignements que nous avons pu nous procurer sur le Temple de Paris[3], nous donnons le plan de l’église (fig. 1). La rotonde datait de la première moitié du XIIe siècle. Après la sortie des templiers de la Palestine, cette rotonde fut augmentée au porche A, dont parle Sauval, et un peu plus tard de la grande nef B. Le bas du clocher C datait également du XIIe siècle, et l’étage du beffroi du commencement du XIIIe siècle.

Le porche A était à claire-voie dans la partie inférieure, et vitré dans la partie supérieure. Cette disposition, adoptée fréquemment pour les cloîtres, produisait ici un effet très-pittoresque, ainsi que le remarque Sauval. Une coupe longitudinale (fig. 2) fera saisir la disposition originale de ces constructions ajoutées à la rotonde primitive. En A, est le porche avec ses claires-voies latérales ; au-dessus, les fenêtres vitrées. C’est à peu près la disposition qui subsiste à Aix-la-Chapelle, mais mieux entendue. La rotonde englobée avait conservé ses voûtes et son étage supérieur, qui formait saillie extérieurement sur les

    jusqu’en 1313. Donc la couronne avait perçu, pendant une période de six ans, les énormes revenus de ces biens ; de plus, tous les biens meubles et les trésors étaient restés entre les mains du roi.

  1. Livre IV, p. 454.
  2. Antiquitez de Paris, G. Corrozet Parisien, 1586, part. I, p. 108.
  3. Voyez le plan de Paris de Verniquet, le grand plan de Mérian, les gravures d’Israël Sylvestre, l’œuvre de Marot : l’Architecture françoise.