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[tas de charge]
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forts G sont élevés suivant une saillie assez prononcée pour présenter non-seulement une butée suffisante aux voûtes des collatéraux, mais encore une assiette assez large pour résister à une pression inégale.


Les assises H de ces contre-forts sont taillées en tas de charge au droit de la naissance des arcs-doubleaux et arcs ogives I des voûtes des bas côtés, afin de recevoir sur leurs lits horizontaux le porte-à-faux de la pile F en K. De même en L, les assises au droit de la naissance des arcs-boutants M sont taillées en tas de charge pour recevoir le pinacle N en porte-à-faux. La ligne ponctuée NO étant l’aplomb du parement intérieur P, il est clair que si l’arc-boutant M n’existait pas, tout le système de la pile butante serait en équilibre avec une propension, au moindre mouvement, à se déverser en L. Cet empilage d’assises tend donc à s’incliner vers la grande voûte, et à exercer par conséquent sur celle-ci une pression. C’est l’arc-boutant qui transmet cette pression. Au-dessus de la pile ou colonne E, les assises sont taillées en tas de charge en R, pour recevoir sur des lits horizontaux la pile S. Les assises de naissance des arcs-doubleaux et arcs ogives de la grande voûte T sont taillées en tas de charge pour reporter la pression des claveaux sur la pile V et sur la colonne E. Ainsi c’est à l’aide de ces tas de charge que l’équilibre du système général est obtenu. C’est grâce à l’équilibre de la pile F, tendant à s’incliner vers l’intérieur de l’édifice, que la butée de l’arc-boutant peut être sensiblement réduite. Le chapiteau de la pile E étant plus saillant vers la nef que vers le bas côté, a ainsi son axe sous la résultante des pressions de la grande voûte, résultante rendue presque verticale par la butée de l’arc-boutant. Les assises en tas de charge R ont encore pour effet d’empêcher la poussée des voûtes des bas côtés, de faire rondir les piliers E vers l’intérieur, en reportant la résultante de pression de ces voûtes suivant l’axe de ces piliers.