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féodal est ici rigoureusement rempli. La salle basse n’est nullement en communication avec les défenses, tandis que la salle haute donne à la fois accès à tous les grands appartements, à la chapelle, aux tours et fronts de la défense (voy. Château, fig. 16 et 17).

Ce même programme est rempli encore d’une manière plus complète dans le château de Pierrefonds, construit d’un seul jet par ce prince et suivant des dispositions très-arrêtées. À Coucy, Louis d’Orléans avait dû conserver des tours et courtines anciennes et tout un système de défense du commencement du XIIIe siècle, fort bien entendu et complet. À Pierrefonds, il avait carte blanche, et ce château s’éleva sur les données admises à cette époque pour un château qui était à la fois une demeure princière, une habitation commode et une place importante au point de vue de la défense. Aussi la grand’salle du château de Pierrefonds nous paraît-elle résumer le programme complet de ces vastes vaisseaux.

Le bâtiment qui renferme la grand’salle du château de Pierrefonds occupe le côté occidental du parallélogramme formant le périmètre de cette résidence seigneuriale. Ce bâtiment est à quatre étages ; deux de ces étages sont voûtés et forment caves du côté de la cour, bien qu’ils soient élevés au-dessus du chemin de ronde extérieur ; les deux derniers donnent un rez-de-chaussée sur la cour et la grand’salle au niveau des appartements du premier étage. En A (fig. 7), est tracé le plan du rez-de-chaussée sur la cour. C est l’entrée charretière du château, avec son pont-levis en E. D est l’entrée de la poterne, avec son pont-levis en F. En entrant dans la cour G, on trouve à rez-de-chaussée une première salle H qui est le corps de garde, séparé de la porte et de la poterne par le herse tombant en a. De ce corps de garde on communique directement au portique b, lequel est séparé de la cour par un bahut. De la cour G on peut entrer sous le portique par les portes c et d. En face de la porte c, la plus rapprochée de l’entrée, est un banc e destiné à la sentinelle (car alors des bancs étaient toujours réservés là où une sentinelle devait être postée). Il faut donc que chaque personne qui veut pénétrer dans les salles basses soit reconnue. En g, est une porte qui donne entrée dans un premier vestibule I ; de ce premier vestibule on pénètre dans une salle K, puis dans la grand’salle L, qui n’a d’issue sur le portique que par le tambour h. L’escalier l permet de pénétrer dans la tour M, de descendre dans les caves, et de monter au portique entresolé en passant par-dessus l’arcade n. L’escalier O, à double vis, monte au portique entresolé, à la grand’salle du premier et aux défenses. En p, sont des cheminées ; en R, des latrines auxquelles on arrive, soit par le corps de garde H, soit par le vestibule I. Le tracé B donne le plan de la grand’salle au premier étage. On ne peut y monter que par les escaliers du corps de garde ou par l’escalier à double vis O, situé à l’extrémité du portique. Le seigneur pénétrait dans cette salle par la porte s communiquant au donjon par une suite de galeries. Entrant par cette porte s, le seigneur était sur l’estrade, élevée de trois marches au-dessus du pavé de