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dans ce réseau, en comptant chaque morceau inscrit dans le plus petit parallèlipipède, suivant la méthode de tout temps.

L’arcature extérieure cube 
4m,1184
Les grandes colonnettes de la zone externe cubent 
1m,188
Les petites 
1m,08
L’arcature interne cube 
2m,2176
Les colonnettes de la zone intérieure cubent 
0m,828
L’œil 
1m,05
Total 
10m,4820

La surface de la rose étant de 71m,56, le cube de pierre par mètre de surface n’est que de 0m,146.

Nous verrons que cette légèreté réelle ne fut pas atteinte, même à l’époque où l’architecture cherchait à paraître singulièrement délicate.

Peu avant la construction de la façade occidentale de la cathédrale de Paris, on élevait l’église abbatiale de Braisne, une des plus belles églises du Soissonnais[1]. Cette église, détruite en partie aujourd’hui, conserve son transsept et son chœur. Dans les pignons de ce transsept s’ouvrent des roses d’un style excellent, d’une structure remarquable, parfaitement conservées. Nous traçons (fig. 6) une de ces roses. Ici, conformément à la donnée admise à la fin du XIIe siècle, les colonnettes-rayons sont posées les bases vers la circonférence ; mais déjà une arcature externe réunit tout le système, comme à Notre-Dame de Paris. L’appareil, d’une grande simplicité, présente toutes les garanties de durée, mais cette rose est loin d’avoir la légèreté de celle de la cathédrale de Paris. D’ailleurs le système de vitrage est le même.

La rose de la façade de Notre-Dame de Paris fut taillée vers 1220, comme nous le disions plus haut. Quarante ans plus tard environ (en 1257), on élevait les deux pignons sud et nord du transsept de cette église, pour allonger ce transsept de quelques mètres[2]. Or, ces deux pignons sont percés de roses énormes qui n’ont pas moins de 12m,90 de diamètre, et qui s’ouvrent sur des galeries ajourées. Ces roses sont construites d’après le système indiqué dans notre figure 2, en C ; c’est-à-dire que les écoinçons inférieurs compris dans le carré inscrivant le cercle sont ajourés comme le cercle lui-même, tandis que les écoinçons supérieurs sont aveugles, étant masqués par la voûte. Voici (fig. 7) le tracé extérieur de l’une de ces deux roses, celle du sud. Les écoinçons A sont aveugles, tandis que ceux B sont ajourés ; ce qui était naturel, puisque ce treillis de pierre repose sur l’arcature ajourée C, et qu’ainsi la

  1. La construction de cet édifice dut être commencée par Agnès de Braisne, femme de Robert de Dreux, en 1180. (Voyez la Monogr. de St-Yved de Braisne, par M. Stanislas Prioux, 1859.)
  2. Voyez Cathédrale.