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[symétrie]
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Si l’on mesure le Parthénon à l’aide du pied grec, et non avec un mètre, on reconnaît qu’il existe entre toutes les mesures des rapports de nombres qui ne sauraient être le produit du hasard ; que l’idée d’harmonie domine l’idée de symétrie, suivant l’acception que nous donnons aujourd’hui à ce mot. En effet, les entre-colonnements ne sont pas égaux, les diamètres des colonnes diffèrent, les axes des colonnes du péristyle ne correspondent pas à ceux des colonnes antérieures. Ces diversités de mesures sont le résultat de combinaisons de nombres. Que la loi n’ait été faite qu’après de nombreux tâtonnements, nous l’admettons ; mais il n’en est pas moins certain que les architectes grecs ont voulu traduire en loi les conséquences de leurs recherches. D’ailleurs, ainsi que le démontre la note précédente, bien avant la construction du Parthénon, les rapports de nombres, la symétrie existait dans l’architecture. Nous retrouvons ce principe symétrique, c’est-à-dire de rapports de nombres, dans l’architecture égyptienne ; tandis que les Égyptiens, pas plus que les Grecs, ne paraissent s’être préoccupés beaucoup de la symétrie telle que nous l’admettons aujourd’hui. Les maisons de Pompéi n’ont aucune prétention à la symétrie comme nous l’entendons, bien que dans leurs diverses parties on retrouve ces rapports de nombres qui composaient la symétrie antique.

Que l’on tienne beaucoup à la symétrie inaugurée au XVIe et surtout au XVIIe siècle, en Italie et en France, c’est une infirmité intellectuelle que nous constatons ; mais que l’on prétende faire dériver ce goût pour les

    temples de Pestum, aussi bien que celui de Métaponte et même ceux d’Agrigente, ont été construits par des artistes qui employaient le pied italique, divisé en douze onces, à l’exclusion complète du pied grec et de sa division en seize dactyles. Et ce n’est là encore que le moindre des résultats auxquels je parviens, car le choix des nombres et l’emploi d’un module pris sur le diamètre moyen des colonnes sont, d’un bout à l’autre, singulièrement remarquables à Pestum.

    « Voici, en particulier, un détail relatif aux chapiteaux du grand temple. Si on les considère comme divisés dans le sens horizontal, en deux parties distinctes, l’une, supérieure, comprenant le tailloir et l’échine, l’autre, inférieure, comprenant les annelets, le prolongement du fût et les refouillements de la gorge, on trouve les relations suivantes entre les dimensions des chapiteaux des trois ordres :

      Petit ordre supérieur. Ordre moyen inférieur. Grand ordre extérieur.
    Partie inférieure 
    11º 15º
    Partie supérieure 
    16º 25º 36º
    Hauteur totale 
    25º 36º 51º

    « Ainsi, la hauteur totale du petit chapiteau (25º) est égale à la hauteur de la partie supérieure du chapiteau moyen, comme la hauteur totale de ce dernier chapiteau (36º) est égale à la hauteur de la partie supérieure du grand chapiteau.

    « Cette dernière hauteur de 36º, égale à 3 pieds, est d’ailleurs le module qui a servi à déterminer toutes les dimensions du temple ; c’est la largeur d’un triglyphe. Or, remarquez ce nombre 3. Non-seulement il est impair et premier, mais c’est aussi le nombre