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breux sur les vêtements et le mobilier de cette époque. Les dais, très-saillants, sont en forme de petites voûtes d’arêtes et revêtues de gâbles d’une excessive richesse. Les grands panneaux du dorsal des stalles hautes étaient autrefois couverts de fleurs de lis en relief qui ont été grattées à deux reprises, en 1792 et en 1831, si bien qu’on n’en distingue plus que quelques traces.

Nous donnons, fig. 7, en A, une portion du plan de ces stalles, et en B une coupe, qui font assez voir la largeur de cet ensemble de menuiserie[1]. La figure 8 est le tracé des stalles hautes de face. En C, est la section des montants séparatifs des panneaux, et en D, l’élévation d’un de ces montants avec l’amorce des deux écharpes formant accolade au-dessous des voûtains en arcs d’ogive. Indépendamment de l’exécution merveilleuse des détails, on trouve dans cet ouvrage de menuiserie une qualité rare, c’est une observation très-délicate de l’échelle. La grosseur des bois qui forment la membrure est judicieusement calculée, si bien que l’ensemble est clair et harmonieux et se dessine facilement au milieu de ce fouillis d’ornements. Ceux-ci ne dérangent pas les lignes principales, et se combinent sans efforts avec la structure, qui d’ailleurs est parfaitement solide et n’a fait aucun mouvement. Les branches d’arcs ogives des voûtains ne sont point des portions de cercle, mais donnent deux courbes raccordées, ainsi que le montre la coupe fig. 7, en B. Il faut citer encore les stalles de la cathédrale d’Alby, qui datent de la même époque et qui sont complètes. Adossées à une clôture de chœur et à un jubé de pierre du commencement du XVIe siècle, c’est la clôture de pierre qui forme dais au-dessus des sièges hauts. La menuiserie ne comprend, à Alby, que les formes seules ; les montants séparatifs des dorsals sont de pierre, avec parement d’étoffe peinte entre eux. D’ailleurs, comme menuiserie, ces stalles sont simples et ne sont guère ornementées qu’au droit des entrées.

La série la plus complète des stalles du commencement du XVIe siècle que nous possédions garnit entièrement le chœur de la cathédrale d’Auch. Ces stalles sont de beaucoup les mieux conservées. Taillées dans un bois de chêne d’une qualité tout exceptionnelle, et qui a pris par le frottement l’aspect de la cornaline, elles fournissent une série d’ornements de la renaissance du plus charmant caractère. De grandes figures bas-reliefs décorent les dorsals, et des arabesques délicatement coupées couvrent les accoudoirs, les entrées, les montants. Les dais sont merveilleux de délicatesse et de combinaisons. Les stalles de la cathédrale d’Auch ont été commencées vers 1520 et terminées vers 1546[2].

Des stalles du XVIe siècle présentent encore quelque intérêt, entre autres celles des églises de Saint-Bertrand de Comminges (Haute-Garonne), de Montréal (Yonne) ; les beaux fragments déposés dans l’église

  1. Les museaux des accoudoirs donnent, en projection horizontale, la figure D.
  2. Voyez la Monographie de Sainte-Marie d’Auch, par l’abbé Canéto, 1857, in-fol.