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ces arcs, il y avait ainsi interruption brusque entre les supports et l’objet supporté. Or, le sentiment de ces maîtres leur indiquait qu’une liaison était nécessaire entre les piles à section simple et les arcs allégés par des moulures, ou, tout au moins, qu’il fallait faire comprendre aux yeux comment pouvaient naître ces faisceaux de profils sur une assiette horizontale ; qu’il y avait quelque chose de choquant dans la pénétration des moulures des arcs dans des tailloirs à sections rectangulaires.


Ainsi, quand (fig. 1) l’architecte posait sur le tailloir rectangulaire A d’un chapiteau un arc B, à section également rectangulaire, cela s’arrangeait naturellement. Mais quand, pour obtenir un aspect plus riche, plus élégant, il voulut donner à cet arc B un profil C, par exemple, la corne D du tailloir paraissait trop saillante et ne plus rien porter. Or, si nous voyons que les Romains faisaient porter les sommiers des arcs des voûtes, non sur la saillie du chapiteau, mais à l’aplomb du nu de la colonne, — ce qui rendait le chapiteau inutile, — nous constatons que les architectes du moyen âge, plus logiques dans leur structure, prétendaient utiliser la saillie du chapiteau et porter les arcs en encorbellement.