Page:Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, 1854-1868, tome 8.djvu/434

Cette page a été validée par deux contributeurs.
[siège]
— 431 —

peu à peu toutes les charges électives furent dévolues aux membres de ces six associations.

La ville entretenait un corps permanent de gens de guerre à cheval et à pied[1]. Au moment du siège, en 1444, les hommes d’armes soldés étaient au nombre de trois cent douze, les arbalétriers engagés beaucoup moins nombreux. Tout bourgeois ou manant ne faisant pas partie des paraiges était requis de prendre les armes pour la défense de la cité. Cette milice était organisée par corps de métiers, et chacun de ces corps avait une portion de l’enceinte avec une tour à défendre. Les hommes des paraiges devaient non-seulement marcher en personne à la défense de la cité, mais fournir un nombre d’hommes d’armes déterminé. Les habitants campagnards du territoire de la cité se trouvaient dans les conditions faites aux bourgeois et manants.

Pendant le siège, les maîtres bombardiers étaient au nombre de dix. À l’approche des troupes des rois de France et de Sicile, les magistrats firent brûler et raser les riches faubourgs de la cité, et munirent puissamment la place. Pour compléter l’investissement de la ville, les armées royales durent faire le siège des châteaux, villages et bicoques du territoire messin, ce qui leur prit beaucoup de temps et aguerrit la population. Ce siège n’est-il aussi qu’une suite de combats, d’escarmouches, d’embuscades entre les défenseurs et les assiégeants. Ces derniers placent quelques pièces en batterie, envoient des boulets dans la place, mais ne font point de travaux d’approche et se contentent de resserrer le blocus pour affamer la ville. Il est présumable que les rois qui n’entreprenaient cette guerre, l’un René d’Anjou, que pour ne pas rendre aux Messins les grosses sommes par eux prêtées, l’autre, Charles VII, que pour faire vivre ses compagnies d’écorcheurs sans bourse délier et pour se faire donner une bonne somme d’argent, n’étaient point désireux de livrer la ville de Metz au pillage : c’eût été tuer la poule aux œufs d’or. La résistance de la ville de Metz, les détails de son gouvernement pendant le siège, l’ordre qui y règne, la bravoure des habitants, la bonne contenance des milices, n’en sont pas moins un des signes de ce temps.

Ce sont des bourgeois qui, dans toutes ces attaques et défenses de villes au XVe siècle, sont chargés de l’artillerie. Bombardiers, coulevriniers[2], ils fabriquent les pièces et les servent. Quelques-uns sont propriétaires de ces nouveaux engins et se mettent au service de leur ville avec leur pièce.

Dans les opérations du siège d’Orléans, les Anglais ne font pas d’approches : ils élèvent des bastilles, ils tentent de les réunir par un fossé de contrevallation ; ils sortent de ces forts pour combiner leurs attaques, ils s’y réfugient s’ils sont poursuivis ; mais nous ne les voyons pas creuser

  1. Soldoyeurs montés, soldoyeurs à pied.
  2. Voyez le Journal du siège d’Orléans, l’attaque de Jargeau, etc.