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qu’en cette année 1170, l’abbé du Mont-Saint-Michel en mer raconte qu’il vit ce chœur voûté. Ces roses avaient été supprimées déjà, vers 1230, lorsqu’on voulut agrandir les fenêtres hautes du chœur et qui s’ouvraient, comme nous venons de le dire, sous les combles de la galerie du premier étage.

Il existe trois modèles différents de châssis de pierre qui garnissent ces roses dans le chœur. Nous donnons l’un d’eux (fig. 1) ; le vide circulaire a 2m,85 de diamètre, et le châssis de pierre, d’une composition très-singulière, ne se compose que de huit morceaux qui sont posés comme les rayons d’une roue embrevés d’un centimètre ou deux dans l’intrados des claveaux formant le cercle. Si ces roses étaient vitrées, comme le sont celles éclairant le triforium, les panneaux de verre étaient simplement maintenus par des pitons scellés sur la face intérieure des pierres composant le châssis. Mais nous reviendrons tout à l’heure sur cette disposition. La rose que nous traçons ici, étant une de celles qui s’ouvraient sous le comble de la galerie, n’était point munie de vitraux, et sa face ornée se présentait vers l’intérieur. Cette ornementation consiste en des pointes de diamant en creux et en saillie, ces dernières recoupées en petites feuilles, et en des boutons, ainsi que l’indiquent le détail B et la section C. On remarquera que les jambettes A sont diminuées latéralement et terminées, vers l’œil intérieur, par deux corbelets latéraux, formant chapiteau, pour présenter un étrésillonnement plus solide. En effet, ce qui mérite particulièrement d’être observé dans cette composition d’un châssis de pierre, c’est le système d’étrésillonnement bien entendu pour éviter toute brisure et pour maintenir les clavaux du cercle comme les rais d’une roue maintiennent les jantes.

Ce principe a évidemment commandé la composition des châssis de pierre des premières grandes roses dans l’architecture de l’Île-de-France, et il faut reconnaître qu’il est excellent. Une des plus anciennes parmi les grandes roses, est certainement celle qui s’ouvre sur la façade occidentale de l’église Notre-Dame de Mantes, église qui fut bâtie en même temps que la cathédrale de Paris, peut-être par le même architecte, et qui reproduit ses dispositions générales, son mode de structure et quelques-uns de ses détails.

Mais nous devons d’abord dire quel était le motif qui avait fait adopter ces grandes baies circulaires. Lorsque l’école laïque inaugura son système d’architecture pendant la seconde moitié du XIIe siècle, elle s’était principalement préoccupée de la structure des voûtes. Elle avait admis que la voûte en arcs d’ogives reportant toutes ses charges sur les sommiers, et par conséquent sur les piles, les murs devenaient inutiles. Si, à la cathédrale de Paris, les fenêtres hautes primitives ne remplissent pas exactement tout l’espace laissé sous les formerets des voûtes, s’il y a quelque peu d’hésitation dans la structure de ces baies, et si l’on voit encore des restes de tympans, ces restes sont tellement réduits, que l’on comprend comment ils devaient bientôt disparaître et comment les for-