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des rosaces pour décorer des soffites de corniches, pendant la période romane ; des gâbles, des nus de fausses arcatures ou fausses baies, pendant la période gothique ; des tympans. Ces sortes d’ornements sont souvent d’un beau caractère et d’une excellente exécution, particulièrement pendant la première période gothique. Un exemple suffira ici pour faire saisir l’ornement que l’on nomme rosace.


Celle-ci (fig. 1), inscrite dans un trilobe, provient de l’arcature de la chapelle de la Vierge, bâtie au chevet de la cathédrale de Sées, et date de 1230 environ. L’architecture normande est, entre toutes les écoles de France, la plus prodigue de rosaces. On en voit de fort belles sur les tympans du triforium du chœur de la cathédrale du Mans. Nous aurons l’occasion de présenter des exemples de ce genre d’ornementation sculptée à l’article Sculpture d’ornement.

ROSE, s. f. C’est le nom que l’on donne aux baies circulaires qui s’ouvrent sur les parois des églises du moyen âge. L’oculus de la primitive basilique chrétienne, percé dans le pignon élevé au-dessus de l’entrée, paraît être l’origine de la rose du moyen âge. Mais jusque vers la fin du XIIe siècle, la rose n’est qu’une ouverture d’un faible diamètre, dépourvue de châssis de pierre : c’est une baie circulaire. L’architecture romane française du Nord et du Midi n’emploie que rarement ce genre de fenêtre, qui n’a guère alors plus de 50 centimètres à 1 mètre de diamètre. Mais à dater de la seconde moitié du XIIe siècle, lorsque l’école laïque se développe, les roses apparaissent, et prennent des dimensions de plus en plus considérables, jusque vers le milieu du XIIIe siècle. Alors, surtout, dans l’Île-de-France et les provinces voisines, telles que la Champagne et la Picardie, les roses s’ouvrent sous les voûtes, dans toute la largeur des