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celle de la porte dite Narbonnaise en N. En 1240, outre ces deux barbacanes, il en existait une en D[1], qui permettait de descendre du château dans le faubourg[2], et une en H, faisant face au midi. La grande barbacane D servait aussi à protéger les approches de la porte de Toulouse T (aujourd’hui porte de l’Aude).

Il faut observer que les seuls points où le sol extérieur soit à peu près au niveau des lices (car Guillaume des Ormes signale l’existence des lices L, et par conséquent d’une enceinte extérieure), sont les points O et R. Quant au sol de la barbacane D du château, il était naturellement au niveau du faubourg. D’ailleurs tout le front occidental de la cité est bâti sur un escarpement très-élevé et très-abrupt. En reprenant tout d’abord le faubourg aux assiégeants, les défenseurs de la cité s’étaient empressés de transporter dans leur enceinte une quantité considérable de bois qui leur fut d’un grand secours[3]. Ils avaient dû bientôt renoncer à se maintenir dans ce faubourg. Le vicomte fit donc attaquer en même temps la barbacane du château pour ôter aux assiégés toute chance de reprendre l’offensive, la barbacane B (c’était d’ailleurs un saillant), la barbacane N de la porte Narbonnaise, et le saillant I, au niveau du plateau qui s’étendait à 100 mètres de ce côté vers le sud-ouest.

Les assiégeants campés entre la place et le fleuve étaient dans une assez mauvaise position, aussi se retranchent-ils avec soin, et couvrent-ils leurs fronts d’un si grand nombre d’arbalétriers, que personne ne pouvait sortir de la ville sans être blessé[4]. Bientôt ils dressent un mangonneau[5] devant la barbacane D. Les assiégés, de leur côté, dans l’enceinte de cette barbacane, élèvent une pierrière turque qui bat le mangonneau. Pour être autant défilé qu’il était possible, le mangonneau devait être établi en E. Peu après, les assiégeants commencent à miner sous la barbacane de la porte Narbonnaise en N, en faisant partir leurs galeries de mine des maisons du faubourg, qui, de ce côté, touchaient presque aux défenses. Les mines sont étançonnées et étayées avec du bois auquel on met le feu, ce qui fait tomber une partie des défenses de la barbacane. Mais les assiégés ont contre-miné pour arrêter les progrès des mineurs ennemis, et ont remparé la moitié de la barbacane restée debout. C’est par des travaux de mines que, sur les deux points principaux de l’attaque, les gens du vicomte tentent de s’emparer de la place ; ces mines sont poussées avec une grande activité ; elles ne sont pas plutôt éventées, que d’autres galeries sont commencées. Les assiégeants

  1. Reconstruite sur une plus grande échelle par Philippe le Hardi. Mais nous avons retrouvé les fondations de l’ouvrage antérieur, actuellement sous l’église neuve de Saint-Gimer.
  2. Toute la défense du château date du XIIe siècle.
  3. « Et inde multam fustam habuimus, quæ fecit nobis magnum bonum. »
  4. « Habebant tot balistarios »
  5. Voyez Engin.