Page:Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, 1854-1868, tome 8.djvu/371

Cette page a été validée par deux contributeurs.
[siège]
— 368 —

De l’autre côté du Rhin, on fabriqua de merveilleux ouvrages de serrurerie pendant les XVe et XVIe siècles. Les grilles du tombeau de Maximilien à Innsbruck, celles des cathédrales de Constance, de Munich, d’Augsbourg, qui datent du XVIe siècle, sont de véritables chefs-d’œuvre, et mériteraient de figurer dans une publication spéciale. Il faut reconnaître toutefois qu’il y a dans ces ouvrages de ferronnerie une certaine exagération de formes, des recherches dont on s’est abstenu en France pendant le moyen âge et même pendant la renaissance. La serrurerie fine des châteaux de Gaillon, d’Écouen, dont on conserve quelques fragments ; la porte de fer forgé et repoussé de la galerie d’Apollon au Louvre, sont des ouvrages de la plus grande valeur, et qui nous font assez voir que l’industrie moderne, sous ce rapport, malgré l’étendue de ses moyens, n’atteint qu’exceptionnellement à cette perfection.

SIEGE, s. m. La Gaule, vaincue par Rome, demeura en paix pendant près de trois siècles. Les populations gauloises, enrôlées dans les légions romaines, allèrent faire la guerre en Espagne, en Afrique, en Illyrie, en Asie Mineure ; mais leur pays, depuis le règne de Néron jusqu’aux derniers empereurs d’Occident, jouit de la plus complète tranquillité. Qui eût pensé alors à fortifier des villes qu’aucun ennemi connu ne devait attaquer ? La Germanie elle-même, si longtemps menaçante et dont les hordes avaient pénétré jusqu’au centre de la Gaule à plusieurs reprises, était alliée de Rome et lui fournissait des soldats. La Bretagne n’avait subi le joug impérial que très-incomplètement, mais elle ne songeait pas à prendre l’offensive. L’Espagne était romaine autant que l’Italie. Calme, livrée au commerce, à l’agriculture et à l’industrie, fournissant à Rome ses meilleures légions, éloignée même des intrigues de palais qui, sous les empereurs, ensanglantaient encore l’Italie, la Gaule pouvait croire à la paix éternelle. Aussi la stupéfaction fut-elle grande quand on vit tout à coup apparaître au nord-est les têtes de colonnes des barbares. La défense n’était préparée nulle part. Depuis longtemps les villes avaient franchi leurs anciennes murailles ou les avaient détruites ; les camps fortifiés établis par César, maintenus par les premiers empereurs, étaient abandonnés, effacés par la culture, les villes et les bourgades. Après ce premier flot de barbares, qui passa comme une trombe, sans trouver d’obstacles, et qui retourna d’où il était venu, chargé de butin, les villes gauloises, épouvantés, démolirent les monuments les plus éloignés du centre de la cité, et s’empressèrent d’élever avec leurs débris des murailles munies de tours. L’empire était alors en dissolution, ces travaux des municipes ne purent être faits avec ensemble et d’après une donnée générale. Chacun d’eux se renferma comme il put, et, quand arrivèrent les nouveaux débordements de barbares, ces défenses ne firent qu’irriter ces conquérants inconnus, sans pouvoir leur opposer des obstacles sérieux. D’ailleurs, pour défendre une ville, que sont des remparts, si derrière eux ne se trouvent pas des troupes expérimentées,