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[serrurerie]
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à Semur, à Beaune, dans la cour de l’Hôtel-Dieu à Dijon, quelques débris de ces armatures existent aujourd’hui et datent des XVe et XVIe siècles. D’anciennes gravures nous donnent aussi l’apparence de ces ferrures de puits, mais n’en reproduisent pas les assemblages ; nous sommes réduit donc à citer un assez petit nombre d’exemples. Le premier que nous donnons n’existe plus et ne nous est connu que par un dessin de Garneray[1]. Cet ouvrage de ferronnerie paraît dater de la fin du XIVe siècle, et se trouvait placé dans les dépendances du château de Marcoussis. Le second se voit encore à Troyes, et le troisième dans la cour de l’Hôtel-Dieu de Beaune ; ces deux derniers appartiennent au XVe siècle.

La figure 52 reproduit l’armature du puits de Marcoussis. Cette armature se composait de trois tiges de fer carré, avec arcs-boutants à la base pour arrêter le hiement, c’est-à-dire le mouvement pivotant qu’eussent pu éprouver ces trois barres. Celles-ci sont d’ailleurs un peu inclinées vers le centre. Un cercle de fer battu les réunit à leur sommet, et reçoit, en outre, des liens en redents qui donnent du roide à tout l’ouvrage et maintiennent les trois pieds-droits dans leur plan. Du cercle partent, au-dessus des barres, trois volutes pincées au niveau a par des moises. Au milieu de ces trois volutes passe le poinçon b, auquel est suspendue la poulie. Le cercle, les moises des volutes et le poinçon étaient ornés de tôles découpées et rivées.

L’armature du puits de Troyes n’est pas d’une forme aussi gracieuse que celle du puits de Marcoussis, mais sa composition et ses assemblages méritent d’être signalés. La margelle A (fig. 53) est ovale à l’intérieur, octogone irrégulière extérieurement. Trois montants sont scellés sur cette margelle même, de façon à présenter en plan un triangle à côtés illégaux, disposition qui permet à trois personnes de puiser de l’eau en même temps. Deux personnes peuvent se placer en a et b, et la troisième en c. Trois poulies sont suspendues à l’armature au moyen d’une sorte de guirlande B attachée au poinçon, puis à deux barres horizontales passant par les œils d, projetées en d’ sur le plan A. Les trois tiges formant pavillon D suspendent le poinçon, comme dans l’exemple précédent, et sont maintenues au sommet des trois montants au moyen d’une sorte d’embrèvement et d’un fort boulon à clavette G. Les montants se composent de deux tiges rondes de 0m,02 de diamètre chacune, tordues en manière de torsade ; une bague E les décore vers le milieu. À la base, au scellement, sur la margelle, ces montants sont accompagnés chacun de deux œils (voyez le détail F) recevant les boucles auxquelles on attachait le crochet de la corde, lorsqu’elle était veuve des seaux, car chaque personne qui venait puiser, apportait ses vases.

L’armature du puits de l’Hôtel-Dieu de Beaune est parfaitement conservée. Elle se compose de trois montants, d’un cercle de fer battu qui les réunit, et d’un pavillon à trois branches droites, le tout décoré de

  1. Ce dessin est en notre possession et indique les assemblages, observés avec soin.