Page:Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, 1854-1868, tome 8.djvu/355

Cette page a été validée par deux contributeurs.
[serrurerie]
— 352 —

blage une grande solidité. Si au contraire deux barres sont assemblées d’équerre, comme l’indique la figure 45, en A, la barre horizontale munie d’un talon B entrant dans une fourchette façonnée à l’extrémité de la barre verticale, l’assemblage est simple, large, solide, bien approprié à la matière. Que cet assemblage soit maintenu serré par un boulon à clavette détaillé en C, qu’une rondelle plus ou moins riche s’interpose entre la tête du boulon et la fourchette, la décoration de l’assemblage est toute trouvée et n’est en réalité que l’emploi raisonné des moyens les plus naturels nécessaires à la solidité de l’œuvre. Qu’il y ait lieu de poser des barres verticales intermédiaires, la traverse horizontale aura des œils renflés D, à travers lesquels passeront ces barres.

Si nous nous engageons dans la voie vraie, celle indiquée par la structure, la décoration de l’œuvre est pour ainsi dire tracée. En supposant que la grille doive être richement couronnée, le talon de la barre horizontale, la fourchette de la barre verticale, les extrémités des barres intermédiaires, fournissent des motifs d’ornementation qui, loin d’altérer le principe de la structure, ne font que l’appuyer (fig. 46). Cet exemple suffit pour faire saisir la méthode suivie par ces artisans serruriers du moyen âge. Ceux-ci ne font d’ailleurs, dans leur métier, qu’appliquer les méthodes admises dans les autres branches de l’architecture de cette époque ; développer la forme dans le sens indiqué par le besoin, la raison, la qualité de la matière. Et, de fait, nous ne saurions trop le répéter, on ne possède un art de l’architecture qu’à ces conditions.

Quand on examine des œuvres de serrurerie du moyen âge, on observe