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[serrurerie]
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s’est trouvé moulé, et les bords de l’ornement ont été enlevés facilement. L’habileté du forgeron consiste à faire chauffer le fer à étamper au degré convenable. Trop chaud, il s’échappe sous le coup du marteau, et celui-ci, rencontrant la matrice, peut la briser ; pas assez chaud, on frapperait vainement sur le fer pour obtenir un bon moulage, et alors la brindille est à recommencer, car le fer, déjà aplati, remis au feu et soumis une seconde fois au coup du marteau, ne pourrait pas remplir les creux de la matrice et ne donnerait qu’une épreuve indécise.

On concevra qu’il est plus aisé de façonner, de souder un bouquet de ce genre, que de réunir des branches qui déjà sont chargées de bouquets, de brindilles et de folioles contre-soudées sur ces branches. Le forgeron des pentures de Notre-Dame de Paris a commencé par façonner à part chacune des brindilles entrant dans la composition générale ; il a groupé ces brindilles en bouquets, il a soudé ces bouquets aux branches secondaires ; puis il a soudé ces branches secondaires ainsi chargées, sinon contournées suivant leur galbe définitif, aux branches principales, puis celles-ci à la bande principale, qui est le corps de la penture, comme le tronc est le corps de l’arbre. Ces dernières opérations sont de beaucoup les plus difficiles, tant à cause de la précision qu’elles exigent pour donner à ces branches la longueur convenable en les soudant, que par le poids de ces pièces qu’il faut manier rapidement, et par le degré de chaleur qu’il convient de donner à chaque partie à souder.

Voici (fig. 11) un autre fragment des pentures de la porte Sainte-Anne[1], qui présente la réunion des deux branches secondaires, celles A et B, et des brindilles a, b, c, d, à une branche principale C. Comme la branche D est la continuation de la branche principale C, ces trois branches A, B, D, ont été d’abord soudées ensemble en E, avec un prolongement EG finissant en ciseau. Sur ce plat de la soudure E a été soudé d’abord le groupe de feuilles H, puis la grosse branche C terminée par l’embase K et sa foliole, mais cette foliole a été étampée, ainsi que l’embase K, sur le fer de dessous E chauffé au rouge ; la branche C elle-même a été soudée sur le prolongement EG et étampée en nervures, à chaud, après le premier martelage. Sur le corps des branches, quand on superpose des folioles, ainsi que le montrent les détails M, le point de soudure de ces folioles donne un renfort que le forgeron dispose à l’étampe en rosette, comme on le voit en O, ou en façon d’embase, comme on le voit en P. La difficulté est aussi d’obtenir, dans ces réunions de branches, des courbes qui se suivent régulièrement sans jarreter. Pour cela, l’ouvrier a tracé son carton sur une pierre ou une plaque de plâtre, et il rapporte, après chaque soudure, sa penture sur ce patron, pour être bien certain qu’il conserve exactement les courbes, les longueurs, les distances de chacune des parties.

Si nous décrivons maintenant les procédés employés pour la façon de

  1. Cette porte est celle de droite, sur la façade occidentale de Notre-Dame de Paris.