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[sépulcre]
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la construction, à partir du niveau D, est beaucoup mieux traitée. Des corbeaux ménagés en F étaient destinés peut-être à recevoir les cintres en charpente propres à maçonner la voûte en demi-berceau A, ou à poser les liens d’une couverture de charpente, en supposant que le projet des voûtes supérieures de la galerie ait été abandonné au XIIe siècle. Il y a quelques années, une toiture informe recouvrait cette rotonde et menaçait ruine. Voulant conserver ce précieux monument, la Commission des monuments historiques décida qu’une charpente en terrasse, couverte de plomb, serait posée sur la galerie, et qu’une voûte de poterie, également recouverte de plomb, couronnerait le cylindre intérieur, ainsi que l’indique notre figure.

La grotte qui avait été placée au centre de la rotonde n’était pas le seul exemple de cette réminiscence du Saint-Sépulcre qui existât en Occident. On voit encore aujourd’hui, dans la salle capitulaire du cloître dépendant de la cathédrale de Constance, un édicule qui autrefois était placé dans cette cathédrale même, et qui était destiné à rappeler le saint sépulcre placé au centre de la rotonde de Jérusalem. Cet édicule, de forme circulaire, est décoré d’arcatures à jour avec colonnettes. À l’extérieur, au pourtour, sont posées, contre les pieds-droits, des statues demi-nature d’un bon travail, représentant l’annonciation, la naissance du Christ, l’adoration des bergers et des mages ; au-dessus, les douze apôtres. À l’intérieur (car on peut pénétrer dans cette rotonde, qui a 2 mètres de diamètre), sont d’autres statues représentant un ange ; les trois saintes femmes venant visiter le tombeau du Christ, tenant des cassolettes dans leurs mains ; deux groupes de soldats endormis, et un homme habillé en docteur, ayant devant lui une table sur laquelle sont posés des vases ; il remue quelque chose dans l’un d’eux. Près de ce personnage est une femme qui le montre du doigt à deux autres femmes tenant des vases fermés. Ce curieux monument est de style italien, et date du XIIIe siècle.

Les rotondes que nous venons de décrire ne sont pas les seules qui, du XIe au XIIe siècle, aient été construites en France, à l’imitation de celle du Saint-Sépulcre. Il faut citer encore la rotonde de Lanleff (Côtes-du-Nord), dans laquelle on a voulu voir longtemps un temple païen. Ce monument, détruit en partie, consiste en un cercle de piliers intérieurs au nombre de douze. Ces piliers, à section parallélogrammatique, sont flanqués chacun de quatre colonnes engagées portant des archivoltes et des arcs-doubleaux. Un mur circulaire avec trois absides[1], comme au Saint-Sépulcre, entoure ces douze piliers, et reçoit les retombées des voûtes d’arêtes couvrant le collatéral sur douze colonnes engagées. D’autres colonnes intermédiaires, d’un diamètre plus faible, divisent le mur circulaire en travées percées chacune d’une très-petite fenêtre. La porte est ouverte au nord-ouest, tandis que l’abside centrale est orientée

  1. Une seule de ces absides subsiste encore.