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[sculpture]
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À dater de 1250, l’art est formé ; dans la voie qu’il a parcourue il ne peut plus monter. Il réunit alors au style élevé, à la sobriété des moyens, à l’entente de la composition, une exécution excellente et une dose de naturalisme qui laisse encore un champ large à l’idéal. Cependant, si séduisantes que soient les belles œuvres de sculpture à dater de la seconde moitié du XIIIe siècle jusqu’au XVe, il est impossible de ne pas jeter un regard de regret en arrière, de ne pas revenir vers cet art tout plein d’une sève qui déborde, qui parle tant à l’imagination, en faisant pressentir des perfections inconnues.


Toute production d’art qui transporte l’esprit au delà de la limite imposée par l’exécution matérielle, qui laisse un souvenir plus voisin de la perfection que n’est cette œuvre même, est l’œuvre par excellence. Le souvenir que l’on garde de certaines statues grecques est pour l’esprit une jouissance plus pure que n’est la vue de l’objet ; et qui n’a pas parfois éprouvé une sorte de désenchantement en retrouvant la réalité ! Est-ce à dire pour cela que ces œuvres sont au-dessous de l’estime qu’on en fait ? Non point ; mais elles avaient développé dans l’esprit toute une série de perfections dont elles étaient réellement la première cause. Pour que ce phénomène psychologique se produise, il