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des pierres simplement épannelées, sans épaufrures. Comment donc s’y prenaient ces bâtisseurs du moyen âge pour élever et placer de pareils blocs complétement achevés, sans endommager les moulures et les reliefs ? Comment les préservaient-ils pendant l’exécution des parties supérieures ? Il y a là matière à méditations, surtout si l’on considère la rapidité extraordinaire avec laquelle certains édifices étaient élevés[1].

C’est à cette époque, au moment du développement de l’école laïque, de 1210 à 1230, que l’ornementation s’identifie pleinement avec l’architecture. Les façades des cathédrales de Paris, d’Amiens (œuvre ancienne), certaines parties de Notre-Dame de Chartres, de la cathédrale de Laon, les tours de la façade occidentale notamment, montrent avec quelle entente de la composition les maîtres savaient rattacher la sculpture à l’ar-

  1. Ce n’est pas la première fois que nous signalons l’activité des constructeurs du moyen âge. La nef et une grande partie de la façade de Notre-Dame de Paris furent élevées en dix ans au plus ; la nef de la cathédrale d’Amiens et le pignon de la façade, d’où proviennent les fragments ci-dessus, étaient achevés en six ou sept ans. Le château de Coucy, si important, fut construit en peu d’années. De ce qu’un grand nombre de ces constructions ont été interrompues pendant des demi-siècles, faute de ressources, ou par suite de malheurs publics, puis reprises, puis interrompues, puis continuées, on en conclut qu’elles s’élevaient très-lentement. C’est une erreur : toutes fois que l’on construisait, pendant le moyen âge, on construisait très-vite.