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quable par sa simplicité, la largeur, la clarté et la hardiesse du modelé.

Cette sculpture date de 1230 environ. C’est alors que l’inspiration d’après la flore incline déjà vers le réel, mais cependant avec une profonde connaissance des effets. C’est alors aussi que les formes géométriques de l’architecture se mêlent avec la sculpture. Nous trouvons des exemples de ce mélange sur cette même façade de la cathédrale d’Amiens, dans l’arcature de la galerie inférieure (voy. Galerie, fig. 12). Les sommiers de cette arcature, qui eussent paru très-maigres, réduits à leur tracé géométrique, sont renforcés par des ornements et des animaux qui leur donnent un aspect puissant, qui arrêtent les yeux sur ces points principaux, et qui forment une composition des plus larges et des plus hardies (fig. 63).

Cet exemple est remarquable à plus d’un titre. Il n’est point aisé déjà pour le dessinateur de combiner ce mélange de formes architectoniques, d’ornements et d’animaux ; mais le dessin donné, il est encore moins facile de le faire interpréter par des exécutants, puisque cette composition mise en place a demandé le concours de l’appareilleur, du tailleur de pierre, du sculpteur d’ornements et de figures, du bardeur, et enfin du poseur. Les morceaux sculptés ou non sculptés étant tous terminés avant la pose, — ne l’oublions pas, — il n’est point nécessaire d’être versé dans la pratique du bâtiment pour comprendre les difficultés de montage et de mise en place d’un sommier de cette taille, — car il ne cube pas moins de 1m,50, — ne présentant pas de prise, puisque toutes ses faces sont parementées et que celle de devant est couverte de sculptures très-saillantes. Avec nos engins perfectionnés, nous ne parvenons pas toujours à placer