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le caractère monumental, qui tient essentiellement à l’observation de l’échelle, n’est pas respecté. Dans aucun édifice de l’Île-de-France et de la même époque, à Notre-Dame de Paris, à Laon, à Saint-Quiriace de Provins ; etc., on ne pourrait signaler ce mépris pour l’échelle.


Mais si nous nous en tenons à l’habileté de l’artiste, aucune école ne surpasse l’école bourguignonne. C’est une grandeur dans le tracé, une ampleur dans le modelé, une délicatesse dans le coup de ciseau, dont rien n’approche à cette époque. D’ailleurs, cette école ne taille jamais ses ornements que dans la pierre dure ; elle abandonne les matériaux tendres vers 1180 pour ne les reprendre que vers 1230. La pierre tendre, même fine, pouvait difficilement se prêter, en effet, à la taille précise de cette sculpture qui peut être comparée, comme netteté, à la belle ornementation grecque sur marbre, et qui a sur celle-ci l’avantage d’être plus large et mieux entendue comme effet décoratif. Nous ne savons si les Grecs ont fait de la sculpture d’ornement à une grande échelle, ample, comme composition, puisque les seuls exemples qui nous restent, provenant de monuments petits généralement, paraîtraient maigres et plats, appliqués à nos édifices. Mais quant au faire, le ciseau des praticiens de nos