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gallo-romain, mais qui n’est byzantin, ni par la composition, ni surtout par le faire. À côté de ce morceau, des portions de corniches de la même époque (fig. 40), accusent, au contraire, l’influence orientale, soit par la présence de ces objets du Levant apportés par les Vénitiens, soit par la vue des monuments de l’époque des Sassanides, car cette ornementation de palmettes arrondies et perlées, entremêlées d’animaux, est plutôt persane que byzantine.


Plus tard, au contraire, vers 1180, alors que dans les provinces du Nord les écoles laïques ont complétement laissé de côté les influences gréco-romaines, les artistes d’Auvergne s’y soumettent, mais évidemment de seconde main. C’est le roman plus ou moins byzantinisé du Languedoc, du Lyonnais, qui vient se mêler aux débris des traditions gallo-romaines et à ces éléments orientaux reçus du Limousin. Ce fragment du porche méridional de la cathédrale du Puy, dont la construction n’est pas antérieure à la fin du XIIe siècle (fig. 41), accuse ces influences diverses et leur mélange qui, malgré l’habileté d’exécution des sculpteurs, choque par le défaut d’unité, soit dans l’ensemble, soit dans les détails.

Par sa situation géographique même, l’école de sculpture de l’Auvergne reste indécise entre ses voisines puissamment établies. Elle reflète tantôt l’une, tantôt l’autre, et plus elle s’avance vers la fin du XIIe siècle, moins elle sait prendre un parti entre ces influences différentes. Elle rachète, il est vrai, cette incertitude par la finesse d’exécution, par une recherche des détails, mais elle ne parvient pas à constituer un style propre. Aussi, quand s’éteignent les belles écoles du Midi, à la fin du XIIe siècle, les sculpteurs de l’Auvergne, dépourvus de guides, ne laissent rien, ne reproduisent rien par eux-mêmes, et ce n’est qu’à la fin du XIIIe siècle que l’art de la sculpture se relève dans cette province, avec l’importation des arts du Nord.

Il n’en fut pas ainsi dans le Berri. Cette province centrale est une de