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[puits]
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linteaux étaient ornés d’arcs avec roses et redents. Une corniche couronnait ces linteaux (voy. l’élévation B).

La margelle reposait sur une marche C entourée d’un caniveau saillant D, pour éviter que l’eau échappée des seaux ne se répandît sur le pavé de l’église[1]. Ce puits datait du XIVe siècle, et ne fut enlevé que pendant le dernier siècle.

Beaucoup de cryptes possédaient des puits, dont les eaux passaient souvent pour miraculeuses. On en voit un encore fort ancien dans la crypte de l’église de Pierrefonds (prieuré), dont l’eau guérit, dit-on, des fièvres intermittentes.

Il n’est guère besoin de dire que les tours des châteaux, les donjons, étaient munis de puits creusés et revêtus avec le plus grand soin. Le donjon de Coucy possède son puits, très-large et profond (voy. Donjon).

Un grand rouet avec treuil servait à enlever les seaux. Dans l’une des tours de la porte Narbonnaise, à Carcassonne (celle de droite, en entrant dans la ville), il existe un puits très-large au milieu de la salle basse, et peu profond ; l’eau n’étant qu’à quelques mètres du sol. La margelle de ce puits, peu élevée au-dessus du pavé, n’est qu’un caniveau circulaire avec déversoir. Plusieurs personnes pouvaient tirer de l’eau et remplir très-rapidement ainsi un tonneau ou un grand vaisseau. Beaucoup d’autres tours de la cité de Carcassonne possèdent des puits. Celle de Saint-Nazaire en renferme un à deux orifices, l’un au niveau des lisses extérieures, l’autre au niveau du premier étage (voy. Tour). Dans les bâtiments du XIIIe siècle de l’abbaye de Château-Landon (Seine-et-Marne), on voit encore un puits de 1m, 05 de diamètre, qui était disposé de manière à desservir plusieurs étages, ainsi que l’indique la coupe C (fig. 5). Ce puits, dont le plan est tracé en A, est pris dans un contre-fort saillant à l’extérieur du bâtiment. La manœuvre du montage des seaux se faisait seulement à l’étage B (voy. la coupe C) au moyen d’un treuil à rouet. On voit encore en a, a′, les trous carrés faits dans la pierre, ou plutôt ménagés dans une hauteur d’assise, qui servaient à passer l’arbre du treuil roulant dans le milieu d’une pièce de bois bien équarrie et de 25 centimètres de côté. La corde du puits faisant un ou deux tours sur le tambour b de ce treuil (voy. le plan A′ et la coupe D), les seaux étaient suspendus à deux poulies obliques e fixées à la partie supérieure, en g ; de sorte qu’en appuyant sur le rouet, soit dans un sens, soit dans l’autre, on faisait monter les seaux au niveau de l’un des étages, où ils étaient arrêtés par la personne chargée de recueillir leur contenu. Ce mécanisme fort simple est indiqué par le plan A′ et par la coupe D[2].

Dans les cours des maisons et palais du moyen âge, on trouve encore des puits d’une forme assez élégante.

  1. Nous possédons un dessin de ce puits, qui, d’ailleurs, est figuré dans une gravure ancienne représentant l’intérieur de la cathédrale de Strasbourg.
  2. C’est à M. de Baudot que nous devons le dessin de ce puits.