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nir en fera justice, et ne verra dans ces produits bâtards, amoncelés à l’aide de moyens puissants et de dépenses énormes, que confusion et ignorance.

Nous croyons fermement au progrès, nous le constatons avec joie au sein de notre société moderne ; nous ne sommes point de ces sceptiques qui admettent que le bien et le mal, en ce monde, sont toujours répartis à doses égales. Mais il est de ces moments, même au sein d’une civilisation avancée, où la raison éprouve des échecs : or, en ce qui touche à notre art, nous sommes dans une de ces périodes. Est-ce à croire que tout est perdu ? Non, certes ; notre art se relèvera à l’aide de ces études historiques, assez mal vues de quelques-uns, mais qui se poursuivent malgré tout, se poursuivront, et produiront des résultats féconds. Apprenons à mieux connaître les arts des temps anciens : les analysant patiemment, nous aurons établi les fondements des arts de notre siècle ; nous reconnaîtrons qu’à côté des faits matériels, qui diffèrent sans cesse, il y a les principes, qui sont invariables, et que, si l’histoire éveille la curiosité, elle dévoile aussi, pour qui sait la fouiller, des trésors de savoir et d’expérience que l’homme intelligent doit employer.

PUIE, s. f. Vieux mot équivalent au mot moderne balcon.

« La contesse est à sa puie
Où o sez pucèles s’apuie[1]. »

Il est très-rare de trouver des balcons, dans les palais ou maisons du moyen âge, disposés comme le sont les nôtres. Les saillies sur les façades, permettant de plonger sur la voie publique ou sur l’aire d’une cour, sont habituellement couvertes : ce sont alors des bretèches ou des loges (voy. ces mots.)

PUITS, Trou cylindrique percé dans le sol, atteignant une nappe d’eau. Les puits sont, ou creusés dans le roc, ou sont revêtus intérieurement d’une maçonnerie pour maintenir les terres. Ils sont couronnés, au niveau du sol, par une margelle de pierre de taille, servant de garde-fou, et terminés à leur partie inférieure par un rouet de charpente qui a servi à leur construction, et qui reste à demeure sous le niveau de la nappe d’eau.

Les constructeurs du moyen âge ne procédaient pas autrement que nous pour percer des puits. Creusant un trou cylindrique, ils y plaçaient un rouet de bois de chêne, sur lequel on élevait le mur en tour ronde. Déblayant peu à peu sous le rouet, celui-ci descendait avec la portion de maçonnerie qu’il supportait ; on complétait, à mesure de l’abaissement du rouet, cette maçonnerie cylindrique dans la partie supérieure.

  1. Gilles de Chin, roman de Gautier de Tournay, XIVe siècle, v. 477 et suiv.