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ches. C’est ce qui a fait supposer que devant la façade de l’église s’étendait un perron de treize marches. Il est à croire que du côté du Marché-Neuf, on descendait également plusieurs marches pour arriver à la voie publique qui passait entre l’Hôtel-Dieu et la chapelle Saint-Christophe ; mais ce degré dut être supprimé dès le XIVe siècle, puisque alors les gens à cheval pouvaient arriver sur le sol même du parvis. L’enceinte avait environ 35 mètres de large sur autant de longueur[1].

Le parvis de la cathédrale de Reims, beaucoup moins étendu que celui de Notre-Dame de Paris, demeura entier jusqu’au sacre de Louis XVI. C’était une charmante clôture dont il reste une amorce le long du contre-fort extérieur à la gauche de la façade. Des dessins et des gravures de cette clôture existent encore, et nous permettent de la restituer. Le plan du parvis de Notre-Dame de Reims ne présentait pas un parallélogramme, mais un trapèze, ainsi que le fait voir le plan, figure 1. Il n’était point relevé-au-dessus du sol de la voie publique, comme l’était le parvis de la cathédrale de Paris, et le grand degré montant au portail était posé à l’intérieur de l’enceinte, devant les contre-forts. Le pan coupé A (voy. le plan) avait été ménagé afin de faciliter l’accès vers l’entrée des cloîtres, situés sur le flanc nord de la nef.

L’enceinte se composait de pilettes portant un appui avec pinacles aux entrées et aux angles, c’est-à-dire en B. Nous donnons en C le détail de cette clôture à l’extérieur, et en D sa coupe. Les deux pinacles B′ de chaque côté de l’entrée principale étaient surmontés de supports avec écussons ; des fleurons G amortissaient les autres pinacles.

Le parvis de la cathédrale d’Amiens est relevé ; mais sa clôture, si jamais elle a été faite, n’existe plus depuis longtemps[2].

Les parvis des églises conventuelles dont les façades donnaient sur une place publique, étaient souvent établis en contre-bas du sol extérieur : tel était le parvis de l’église abbatiale de Saint-Denis[3]. L’église abbatiale de Sainte-Radegonde, à Poitiers, a conservé encore cette disposition fort ancienne, mais rétablie vers la fin du XVe siècle. La figure 2 présente une vue à vol d’oiseau de la moitié de ce parvis, l’axe étant en A. Deux descentes sont ouvertes sur la face. Le terrain s’inclinait vers le portail de l’église ; deux autres entrées sont pratiquées latéralement de plain-pied. Des figures d’anges agenouillés, tenant des écussons armoyés, surmontent les bahuts des deux entrées de face vers l’extérieur. Des animaux, chiens et lions, amortissent les angles des entrées latérales et le revers des bahuts des entrées de face. Un ressaut avec écusson se présente

  1. Nous avons pu, sur plusieurs points, retrouver les fondations de cette enceinte. Des restes romains existent sous toute la surface de la place actuelle, immédiatement sous le pavé : ce qui prouve que le sol du parvis était au niveau du dallage de l’église.
  2. Ce parvis, devenu inabordable, doit être prochainement restauré.
  3. Nous avons trouvé des traces du dallage de ce parvis, auquel on descendait évidemment dès une époque ancienne, c’est-à-dire du temps de Suger.